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Management 5 : Êtes-vous vacciné BCG ?

5_managementLe vaccin BCG (Bacille Calmette-Guérin) est inoculé dès la naissance ou doit l’être avant l’âge de 6 ans en France. Censé protéger contre la tuberculose (maladie contagieuse due au bacille de Koch), une bonne centaine de million d’enfants sont vaccinés chaque année dans le monde.

En management, le BCG s’appelle le Boston Consulting Group. Il est administré à tout étudiant fréquentant une école de management. Aucune possibilité d’y réchapper tant la contagion est forte, méthodique et systémique. Le bacille de « Corps » est particulièrement virulent et appartiendrait à la famille des maladies nosocomiale. Une infection est dite nosocomiale si elle survient suite à des soins médicaux.
Voyons donc ce qu’il en retourne…

Par définition, une école est un établissement qui vous soigne de votre ignorance.

Les docteurs sont là pour vous inoculer la connaissance. A ce titre et selon l’état plus ou moins désespéré du ou des patients, des cours collectifs sont entrepris dans des salles de taille variable.

Le BCG, de par sa facilité d’inoculation, se pratique sur des grands groupes dans des chambres appelées « amphithéâtre » (lieu originellement prévue à l’extérieur possédant un cirque central où se produisent les intermittents du spectacle et entouré de gradins où les spectateurs applaudissent). De nos jours, modernisme aidant, un toit a été rajouté mais le principe du jeu est totalement respecté.

La seconde règle suivie s’appuie sur un axiome archi-connu et vérifiable en tout lieu :

Plus la masse de l’auditoire est grande et plus le Quotient Intellectuel global diminue.

Tout formateur (digne de ce nom) sait que plus le groupe est grand, moins il faut dire de chose et plus il faut raccourcir ce qu’il y a à retenir. On en conclut logiquement que l’amphithéâtre est un lieu qui a pour objectif intrinsèque de baisser le QI individuel de chaque participant afin de lui faire avaler une information insignifiante mais qu’il prendra comme très importante vu le nombre de gens applaudissant.

Il est clair que le phénomène de masse abrutit l’individu, sinon les politiciens auraient changé de métier depuis longtemps. L’exemple le plus évident est le peuple américain. Deux partis de droite (pour éviter la vraie confrontation avec la gauche), érection du principe que l’ennemi c’est la gauche (facilement reconnaissable à la couleur rouge) afin que tout le monde regarde dans la même direction et soit ainsi mobilisé, tout cela dans une ambiance festive où un cowboy vous hurle qu’il vous aime et que vous êtes les meilleurs du monde.

Dans nos amphithéâtres plus feutrés en France, les prédicateurs appelés « Maître de conférence » (pour les plus prestigieux) vous étalent avec condescendance une vision américaine du monde.

Je vais donc vous révéler, le décor maintenant bien planté, l’un des axes majeurs du management où des individus frappés du sceau américain BCG se sont fait une fortune en énonçant des trucs ras des pâquerettes. Je n’oublie pas aussi tous les consultants qui ont vendu cela à prix d’or au détriment de nos chefs d’entreprise bien argentés et trop crédules.

La base du procédé consiste à suivre la procédure suivante :

  1. Prenez un élément A et un élément B.
  2. Faites que B soit le contraire, le complémentaire ou l’opposé de A (positif/négatif, blanc/noir,…). Pour les plus hardis et les snowboarders (adeptes de la glisse sur planche savonnée) prenez 2 valeurs qui ne répondent pas à la règle précédente.
  3. Dessinez un quadrillage comprenant 4 cases (2 colonnes et deux rangées).
  4. Inscrivez au-dessus la première colonne l’élément A et l’élément B sur la seconde.
  5. Faites de même pour les deux rangées.
  6. Pour confirmer l’intérêt essentiel du tableau, rajoutez 2 axes d’orientation pour faire comprendre quelles sont les dimensions dans lesquelles vous évoluez. Sans cela votre tableau perdrait toute compréhension possible et révélerait ainsi votre incompétence.
  7. A l’intersection de la colonne A et de la rangée A, mettez un mot ou un sigle résumant ce que vous avez à dire sur le sujet.
  8. Répétez l’opération pour les 3 autres cases.

Prenons donc un exemple. Dans un contexte donné (par exemple votre entreprise est en difficulté financière), vous envisagez d’embaucher un directeur financier et vous ne savez pas vraiment soupeser le pour et le contre (le pour est représenté par un + et le contre par un -).

A ce stade, vous pouvez lister les avantages et inconvénients dans un tableau à 2 colonnes mais cela ne vous permettra pas de pouvoir prendre facilement une décision car il vous manque un angle d’attaque. Par exemple, prenons les deux variables que sont le temps et l’argent.

Plusieurs représentations graphiques sont possibles, en voici deux par exemple :

Bcg
Répartissez alors vos avantages et vos inconvénients dans les cases adéquates et vous aurez une grille de décision plus explicite vous permettant de prendre une décision plus facilement.

Pour le fun, faites en un mot un résumé pour chaque case qui fera office de titre. L’exercice est salutaire car cela vous permettra de présenter un tableau hyper synthétique et l’on vous acclamera pour votre esprit de synthèse. Ensuite, il sera toujours plaisant de délayer votre parfaite connaissance du sujet…

Si vous avez encore des variables qui vous embêtent, alors faites autant de tableaux que vous voulez mais l’expérience montre qu’un seul tableau permet d’être décisif si l’on a bien choisi les deux principales variables.

Simple, efficace, basique même, le BCG est l’équivalent de la règle de trois mais pour le management.

Ce que je reproche aux écoles de management, c’est de nous présenter cela pour une invention/découverte majeure et d’en faire tout un plat. Cet art spécifique, qu’ont les américains, de nous vendre cher un truc basique et de faire applaudir le reste du monde qui consacre ainsi son infériorité, a de quoi révolter pour qui prend un peu de recul.

Alors messieurs les chefs d’entreprise, ne tombez pas dans le piège à fric du consulting surtout s’il vient des « big five » car ceux-là n’existent que par votre crédulité.

Le diplôme ne fabrique pas l’expérience mais donne l’espoir que l’individu ait quelques outils à sa disposition.

Après, le problème sera s’il sait utiliser le bon outil au bon moment et dans les meilleures circonstances. Mais pour voir, il faudra payer d’abord…

Laurent DUREAU

Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 15 novembre 2006 et réactualisé sur le blog 345D le 17 février 2012.

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