Dans le management, il y a des vérités qui tuent. L’une d’entre elles est que la majorité des salariés ne disent pas ce qu’ils pensent réellement par crainte de conséquences négatives possibles.
La partie serait trop facile si le chef pouvait connaître ce que pensent réellement ses subordonnés. L’efficacité serait au rendez-vous tant il n’y aurait pas d’embrouilles.
Seulement voilà, l’employé ne dit pas tout par crainte de représailles et le chef se tait pour éviter la panique générée par des propos trop vrais.
Alors, comment voulez-vous qu’il y ait une bonne communication quand aucun des deux interlocuteurs ne dit tout ce qu’il sait ou ce qu’il pense.
Alors, les chefs d’entreprise sont-ils vraiment tenus de pratiquer « l’opacité responsable » ?
Jusqu’où peut aller la transparence ? Car, avouons-le, tout le monde ne peut encaisser certaines informations. Combien ne pourraient contrôler leur colère, ou pire la peur qui les ferait paniquer suffisamment pour leur faire sauter quelques plombs dans la catégorie gros calibre.
Enfin bref, la peur est dans les deux camps !
La vraie question est donc : Devons-nous laisser la peur guider nos relations inter-relationnelles ou instaurer un climat de confiance suffisant pour s’exprimer librement sans craindre les foudres et surtensions locales ?
Pour moi, un bon manager est celui qui sait inspirer confiance à ses troupes car chaque élément saura lire en lui. Le chef se doit d’être véritable. S’il n’est pas content, il le dit ! Et s’il est content, il le dit aussi !
Son état émotionnel doit refléter véritablement ce qu’il pense. Sa sincérité ne doit pas être remise en cause. C’est à ce prix qu’un climat de confiance propice à une vraie communication pourra s’établir.
Parler vrai est devenu une nécessité. Dans les débuts, on prend des coups puis, petit à petit, vos subordonnés arrêteront les attaques car intimement ils seront persuadés de votre bonne volonté à les aider dans leur tâche.
N’importe qui, même un enfant, sait que quand il a fait une bêtise ‘il risque de se faire remonter les bretelles. Alors, si vous le faites, ladite personne ne vous en voudra pas car elle sait que vous êtes juste. Mieux, cela confortera la confiance qu’elle a en vous afin qu’elle-même puisse progresser honnêtement.
L’essai-erreur est la voie principale pour qu’un individu s’améliore et acquière une expérience. Alors ne punissez pas, ne dévalorisez pas mais montrez que vous êtes attentif et que vous êtes prêt à lui donner un coup de main afin que l’erreur ne se reproduise pas.
Être un père fouettard n’a jamais fait progresser quelqu’un. Mais une claque ou deux de temps en temps, rappelle à l’ordre, fait du bien et stimule la volonté de ne pas s’en prendre une autre.
Et puis aussi, toute humilité bien comprise démontre que pour dire la vérité, il faut d’abord la connaître.
La vie nous enseigne que chacun voit sa vérité, alors vouloir dire ses quatre vérités à quiconque n’est pas le chemin le plus vertueux pour se faire rapidement des amis.
Alors, que faut-il faire pour créer dans l’entreprise des conditions pour plus de franchise et d’échanges, dans le respect des personnes ?
Vaste question, et encore plus vastes les réponses car toute vérité n’est pas bonne à dire, dans l’entreprise comme ailleurs, ne serait-ce que pour se préserver de la concurrence et respecter les lois.
Bref, on tourne en rond entre ce qu’il faut et ne faut pas dire. Et c’est là qu’un manager fait la différence avec un autre.
La subtilité n’est pas l’apanage de tous. Certains apprendront avec le temps, mais pour d’autres cela sera un chemin de croix. Je n’ose pas parler de ceux placés par héritage à la tête de l’entreprise, leur cas est majoritairement désespéré.
Un récent sondage indique que les performances de ces dernières entreprises sont de 10 points inférieurs à la moyenne des autres entreprises. L’idéal pour les entreprises familiales s’étalant sur plusieurs générations est que le dirigeant soit totalement étranger à la famille. Il fait son job sans le poids des relations familiales où les jeux de pouvoirs sont peu féconds à la sérénité.
En revenant à notre sujet, je vais faire une réponse de normand. Selon le contexte, c’est à chacun de savoir ce qu’il peut véritablement transmettre à son interlocuteur tout en sachant que plus vous ferez un effort dans votre transparence et plus l’autre se sentira obligé de le faire.
Allez-y par palier, gentiment mais sûrement, et si votre interlocuteur reste sur ses gardes et campe sur ses positions de méfiance, alors passez votre chemin calmement sans faire de vague et attendez une prochaine rencontre pour pousser le bouchon plus loin.
Paix dans l’azur et dans l’infinie bonté de l’instant présent, restez vous-même en toutes circonstances, c’est-à-dire décontracté, courtois et cool. Si l’autre a quelque chose sur la patate qu’il ne veut pas dire, les mini-vagues occasionnées dans votre océan de paix intérieure feront que vos questions fermes et veloutées l’amèneront à se dévoiler.
Rien n’est impossible à qui veut bien entendre.
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 14 février 2007 et réactualisé sur le blog 345D le 17 février 2012.
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