Continuellement remise au devant de la scène, la formation des « adultes » reste un débat plus ou moins politique régulièrement abordé quand la courbe de chômeurs remonte à la hausse. Typiquement traité comme un sujet universitaire la plupart du temps, il ne passionne pas vraiment le « peuple ».
Pourtant, petit à petit, les Français découvrent que le diplôme d’origine ne suffit plus à garantir un job pour toute la vie. De plus, au rythme de la technologie actuelle, ce diplôme ne veut plus dire grand chose. Certes, vous avez suivi quelques stages imposés par vos employeurs mais ont-ils amélioré votre employabilité dans le cas où vous seriez dans la prochaine charrette ?
La vie professionnelle n’est plus un long fleuve tranquille. Aujourd’hui au premier licenciement , on découvre que notre employabilité demande une remise en question sur nos propres valeurs, nos propres désirs de devenir quelqu’un en ce monde.
Bien que nous aimerions tous gagner au loto, nous savons tous que sans une vie professionnelle valorisante, nous nous sentons comme ne valant plus grand chose, pour ne pas dire rien pour les plus démotivés.
A chaque fois que nous nous retrouvons à la case départ, il faut tout recommencer pour prouver que l’on vaut quelque chose et que l’on est toujours à la page, sans oublier que nous sommes forcément toujours en pleine possession de nos capacités aussi bien physiques qu’ intellectuelles.
A chaque fin de contrat, on se retrouve presque comme un nouveau-né qui ne sait plus dans quel monde il s’est incarné. Il faut tout réapprendre ! A commencer par sourire, dire bonjour aux inconnus que l’on croise dans les salons, les expos, les lieux de rencontres professionnelles, les ANPE et consoeurs.
Il faut faire la courbette et taire ses colères face à des administrations qui vous traitent comme du bétail. Il faut se justifier, fournir des preuves et répondre à des questions tellement basiques que vous avez presque l’impression que l’on vous prend pour un attardé profond.
D’un seul coup, vous découvrez que ce que vous pensiez pour acquis ne l’est plus du tout. Vous découvrez ce que le mot précarité veut dire. Avant , vous en aviez peur et cela vous permettait peut-être de faire grève en descendant dans la rue mais, maintenant , vous y êtes… dehors et sans les banderoles !
La grève vous y est interdite sous peine de ne plus recevoir vos Assedic. Vous n’avez plus vraiment de droit, sauf celui d’obéir à des « planqués » de la fonction publique. Alors, en 15 mn d’entretien avec un agent qui ne connait pas grand chose voire rien du tout à votre parcours professionnel, vous vous retrouverez en stage de je ne sais quoi afin de leur faire plaisir et ainsi de sauvegarder vos pauvres allocations.
Alors, que faisiez-vous pour conserver votre employabilité pendant que vous aviez un job ? Rien ou si peu. C’était tellement plus sympa de faire autre chose, d’aller en vacances, de socialiser, de regarder la télé, etc. Et puis, après tout, n’aviez-vous pas délégué votre cursus au bon vouloir de votre patron ?
A lui de décider, dans un plan de formation annuel, de vous envoyer où bon cela l’arrangeait afin que vous soyez plus productif. Super, mais cela allait-il vraiment dans le sens de l’évolution de vos compétences, de vos aptitudes, de vos envies, de vos objectifs ?
Aujourd’hui, la donne a changé, l’entreprise vit au jour le jour. Aucun dirigeant d’entreprise n’est capable aujourd’hui de faire un prévisionnel à 3 ans. La seule certitude qu’il essaiera d’avoir sera de réaliser ce qu’il a annoncé à ses actionnaires pour le prochain bilan. Point barre !
Et vous là-dedans : Un pion parmi d’autres ! Vous qui pensiez que votre employeur avait un plan de carrière pour vous. Comment voulez-vous qu’il fasse puisque lui-même ne sait pas vraiment où il va ? Un aveugle ne peut guider un autre aveugle.
Vous saurez qui a été le dindon de la farce seulement quand vous ressentirez la brûlure du four de l’indifférence et que votre odeur de chômeur fera fuir les employeurs qui, majoritairement, ignoreront tous vos courriers ou tentatives de contact. Vous pourrez alors pester contre les patrons, les institutions, les politiciens et tout le tutti quanti, mais surtout ne vous oubliez pas !
Sachez qu’à cet effet, une loi, votée en 2004 et opérationnelle en mai 2005, vous donne le droit de suivre des formations en dehors de vos heures de travail (sauf accords particuliers) et qui sont payées par votre entreprise. Cette « Formation Tout au Long de la Vie » vous crédite de 20h ou 3 jours par an avec un cumul maximum de 120h.
Ce droit, dont à peine 2% des salariés ont bénéficié en 2007 s’appelle le DIF : le Droit Individuel à la Formation. A ce jour, vous avez probablement accumulé 80h de formation, le saviez-vous ? Pour en savoir plus, tapez DIF dans un moteur de recherche et vous aurez toutes les informations.
N’attendez pas d’être sur le carreau pour vous former. Prenez votre destin en main en suivant des formations qui vous tiennent à coeur tout en sachant que ce que vous choisirez ne doit pas forcément être dans la même mouvance que l’activité que vous avez aujourd’hui.
Votre employeur a des obligations comme vous faire passer des entretiens professionnels. Non, non pas des entretiens annuels mais des entretiens spécifiques au DIF mais où l’on parle aussi de bilan de compétences, de passeport formation et de VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), c’est-à-dire la capacité de transformer une expérience en équivalent diplôme.
Prenez votre destin en main avant que ce soit lui qui le fasse !
Et puis, si vous n’êtes pas salarié, la notion d’employabilité, c’est-à-dire celui d’offreur de service en accord avec une demande, vous est probablement très familière. La formation est la seule arme qui vous permettra de vous maintenir à jour afin de rester en phase avec la demande. Encore faut-il le vouloir !
Ne comptez pas sur votre employeur pour vous garantir un job stable, pas trop dur, assez bien payé et avec suffisamment de vacances. Si vous pensez que cela est possible, dépêchez-vous d’aller concourir dans la fonction publique car l’Etat est la seule entreprise qui peut vivre au-dessus de ses moyens, d’être déficitaire tous les ans, de ne pas avoir les huissiers au derrière et de pouvoir emprunter comme elle veut.
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 11 janvier 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 30 mars 2012.