Ce samedi, à la demande de mon associé, je me suis pointé à un salon sur « l’évolution personnelle ». Première édition du genre, on pouvait sentir l’amateurisme très largement compensé par une réelle volonté de bien faire. Sourire, cordialité et bonne humeur ont été largement dispensés pour faire « avaler » les petits détails à régler.
Salon complètement dirigé vers le public (B to C), je me suis donc retrouvé en milieu inhabituel et j’ai donc endossé ma tenue de camouflage pour ne pas me faire trop repérer. J’ai globalement réussi, sauf quand j’étais au contact des tenanciers des stands.
Là, ils ont découvert que souvent mon artillerie argumentaire était largement au-dessus du lot. S’il y avait donc un petit attroupement sur le stand, c’est que les badauds trouvaient que ce que je disais était fort intéressant mais, en allant au-delà de cela, voici un petit résumé du plateau repas qui a été servi à ces rechercheurs d’évolution personnelle.
Globalement, il ne fallait pas sortir d’une grande école pour comprendre que la majorité des personnes présentes portaient avec elles un fardeau lié à des inquiétudes professionnelles réelles.
Pendant les discours très basiques des conférences de 45 mn, j’ai eu à loisir le plaisir d’analyser la faune ambiante. Car les gens ne se rendent pas compte de la tête qu’ils font quand ils écoutent quelqu’un assis tout devant et qui débite son discours dans un microphone peu enclin à éclaircir le son (trop de reverb, volume trop bas, etc.).
Dans leur attention soutenue, ils se relâchent et laissent tomber le masque. Je pouvais quasiment lire à livre ouvert quelle était la nature de leur problème et les inquiétudes qu’ils nourrissaient à propos de leur chance à pouvoir trouver un job ou évoluer à un poste autre que celui d’aujourd’hui.
En bref, l’inquiétude, petite fille de la peur, était très présente parmi les visiteurs. Les professionnels des stands et les conférenciers ont largement fait office de marchands du temple en proposant des formations tous azimuts.
Seulement voilà, aujourd’hui un diplôme ne garantit en rien que vous aurez un travail. On n’est plus dans la période d’après guerre où la majorité de la population était encore dans les champs, sans eau courante et avec une minable lampe électrique dans la pièce principale pour principal support des rouleaux de papiers gluants tueurs de mouches.
Alors, qu’est-ce qu’ont dit ces fameux conférenciers (à part l’autopromotion de leurs produits) ? Eh bien, rien de vraiment transcendant, juste du basique que vous trouverez au détour de n’importe quelle recherche sur Google.
Certaines conférencières ont ressenti (au-delà du côté commercial) que les gens demandaient en fait à être rassuré sur leur capacité à s’en sortir. Elles ont su répondre avec tact et diligence car au final, ne connaissant le contexte unique de chacun, il était difficile de répondre quelque chose de valable pour tous.
A l’une des conférences portant sur les réseaux sociaux, quelques points cruciaux ont été martelés. En voici quelques-uns : S’inscrire dans un réseau professionnel style viadeo, xing ou linkedin ne veut pas dire avoir accès à une base de données que l’on va pouvoir spammer à volonté pour trouver un job.
C’est d’abord un lieu où il va falloir tisser des liens avec patience en donnant beaucoup de votre temps. Les autres réseaux sociaux comme facebook sont plutôt à prendre avec des pincettes car ils ne sont pas à vocation professionnelle et n’importe qui peut vous nuire en réputation sans même le savoir.
Ce que vous écrivez sera toujours retenu pour ou contre vous, alors ne vous lâchez pas trop quand vous êtes en plein marasme émotionnel. Pensez utile, efficace, amiable et éthique dans vos commentaires sur les hubs ou les forums, et ne vous lancez pas dans le blogging pour dire quel est votre parcours du combattant pour trouver un job.
Cela n’intéresse personne, sauf ceux qui veulent se conforter dans leur propre galère de chercheur d’emploi. Parce que ceux qui pourront vous aider n’ont pas le temps d’aller lire les pleurnicheries que vous aurez écrites. Pire, ces dernières peuvent vraiment vous desservir si un recruteur tombe sur votre blog.
On y revient encore ! Le blogging est un outil de promotion où vous devez montrer votre personnalité mais aussi ce qui vous différencie en termes de compétences, de transversalité et de capacité d’adapter votre savoir-faire à des secteurs d’activités différents.
Vous devez devenir un acteur de votre propre évolution professionnelle car votre patron ne le fera pas pour vous, sauf si vous êtes repéré comme un élément à haut potentiel. Dans ce dernier cas, on viendra vous proposer ce qui est toujours plus confortable que d’aller taper aux portes de vos supérieurs hiérarchiques pour les convaincre de vous sortir du trou dans lequel vous marnez.
Dernière idée force, il vous faut prendre en main votre devenir intérieur (relaxation, développement personnel) afin d’améliorer vos chances et vos capacités adaptatives car, a priori et aujourd’hui, absolument rien n’est gagné d’avance.
Même si vous pensez être l’élément incontournable dans votre entreprise pour un poste donné, méfiez-vous de votre façon de vouloir profiter de la situation. J’ai vu dans les conférences des personnes poser des questions qui malheureusement relevaient d’une ignorance profonde de ce qu’est un recruteur, surtout si en plus c’est un patron ! Je vous donne le truc car cela m’a sidéré !
Ne cherchez jamais à vous mettre en position de force car le patron n’aime pas du tout le chantage. Si sur le moment il n’a pas d’alternative, il vous dira oui mais vous aurez signé votre arrêt de mort, car vous lui aurez indiqué que sur cette position il était en faiblesse et que vous en avez abusé sciemment. Donc son premier réflexe sera de sécuriser cette position et, croyez-moi, il se rappellera de votre indélicatesse.
Alors, ne faites pas cette erreur. Faites-lui simplement savoir que vous pouvez résoudre sa problématique et que vous vous tenez à sa disposition, mais pour cela passez préférablement par un intermédiaire du style radio moquette. Il sera heureux de savoir que quelqu’un dans son entreprise peut résoudre son problème et il ira tout naturellement vous voir et vous demander si vous êtes prêt à lui rendre ce service.
Alors, faites comme les femmes, ne lui sautez pas autour du cou tout de suite. Dites que vous allez y réfléchir afin de faire monter un peu la pression (et incidemment votre augmentation). Votre valeur marchande ne dépend pas d’un tarif officiel mais de la valeur perçue sur le moment par l’acheteur.
Alors, si on vous invite d’abord à un petit-déjeuner pour vous proposer un café avec un ou deux croissants et vous dites oui tout de suite, ce sera toujours moins bon que de dire que vous avez déjà eu votre petit-déjeuner mais que vous restez libre pour le déjeuner. Là le menu sera plus conséquent, et puis si vous sentez que le patron a vraiment envie de vous, alors vous pouvez tenter le diable pour le diner.
Dans ce dernier cas, il vous faudra prévoir de quitter rapidement le restaurant à la fin du repas (ayez un prétexte irréfutable que vous aurez préparé) car il ne faut absolument pas que vous passiez le reste de la soirée avec lui. Cette distance vous permettra d’obtenir le maximum sans vous « découvrir » (dans tous les sens du terme) car souvent le dernier verre nous fait dire ou commettre des erreurs dont on se mordra les doigts plus tard !
Tout cela est métaphorique et j’espère que vous aurez compris que ce n’est pas en étant affamé que l’on vous courtisera le plus et que vous aurez la meilleure augmentation, mais seulement quand vous avez une compétence, une qualité, un savoir-faire qui est activement recherché et que vous êtes a priori indisponible mais ouvert à la discussion. Après tout, vous êtes quelqu’un d’intelligent et vous pouvez changer d’opinion si l’on vous présente correctement la chose, n’est-ce pas ? (allez, rassurez-moi, dites oui !)
Là où il y a de bonnes odeurs et à manger, vous trouverez ceux qui ont l’argent pour se le payer car, si vous courtisez au MacDo local, vous ne trouverez que des gens qui s’offrent de quoi satisfaire leur faim d’une manière mécanique et où le coca-cola remplace le millésimé.
Ne vous trompez pas de clientèle en faisant votre propre carte de menu. Alors à vous de choisir si vous vendez des hamburgers avec du coca ou si vous préférez faire dans l’olfactif et le raffiné. Je vous rassure, tous les patrons ne mangent pas du gras, du lourd et du cher mais tous veulent du différent, de l’exceptionnel, du rare.
Bon allez, à vos cuisines !
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 11 février 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 31 mars 2012.