Dans la vingtaine, je fus plusieurs fois un chercheur d’emploi. Dans la trentaine, une fois devenu patron, j’ai couru après des prospects pour consolider mon entreprise. Dans la quarantaine, devenu consultant, j’ai couru après des missions. Et puis maintenant, à l’aube de la cinquantaine, je m’interroge, après quoi véritablement vais-je courir ?
La vie en est ainsi : courir après quelque chose ou quelqu’un afin de se réaliser, de découvrir qui l’on est pour s’épanouir. Chaque action importante a procédé à une ouverture de la fleur en moi qui s’ignorait.
Maintenant, à la fleur de l’âge, tous pétales ouverts, je m’expose à tous sans complexe en montrant ce que je suis véritablement. Fier d’être devenu (au moins en grande partie) ce pour quoi je suis fait, mes véritables couleurs apparaissent, laissant ainsi à qui de droit la volonté de venir me butiner.
Je ne suis plus à la recherche d’un emploi.
Je ne suis plus à la recherche de clients.
Je ne suis plus à la recherche de missions de conseil.
Je suis en attente de mission de réalisation productive finale.
Tous ces jobs, toutes ces années de labeur pour enfin arriver sur la ligne de départ de ma vraie mission dans ma vie. Tout ce qui a été n’a été que préparation pour cette ultime mission. Cette mission d’être moi, véritablement moi, qui me fera dire à mon dernier souffle que ma vie a non seulement été superbe de par ce que j’ai vécu mais qu’elle a été une œuvre sculptée par la vie, pour la vie et pour le bienfait de tous.
Ne pas être connu et rester un inconnu aux yeux de l’histoire des hommes ne me dérange en rien. Mais savoir que j’ai apporté ma pierre à l’édifice humain avec toute la volonté de mon âme suffit à satisfaire largement mes besoins de reconnaissance.
Il m’a fallu 30 ans de labeur pour comprendre que se reconnaître à ses yeux est plus important que d’être reconnu par autrui.
Certes, leurs regards valorisants sont une énergie incroyable pour que l’on croit en nous-même. C’est même l’un des actes d’amour les plus grands pour un être humain et son épanouissement. Quant à ceux qui dévalorisent, ils n’étaient là que pour renforcer nos croyances en nos capacités.
Être reconnu par tous est une étape importante mais elle n’est pas la dernière étape. C’est comme pour une plante. Produire une fleur n’est pas l’aboutissement final mais la dernière étape avant celle de reproduire l’essence même de ce qu’elle est à travers un fruit.
Alors maintenant, là, planté solidement sur tous mes acquis, je regarde le ciel tous pétales ouverts et j’attends le messager qui viendra couronner le fait même que je sois né.
Sa forme, sa famille d’appartenance, sa couleur, son âge m’importent peu car lui-même ne saura probablement pas qu’il transporte avec lui des semences, des pollens qui feront que je pourrai enfin finaliser le dernier acte de ma vie professionnelle.
Alors coincé dans l’habitude de courir et d’aller chercher, il me faut attendre cette fois-ci et en toute sérénité. Mon mental me pousse à agir mais mon cœur me dit de me calmer car ce n’est pas dans le brouhaha de mes peurs et de mes désirs que j’exprimerai au mieux ce que je suis.
Notre vie entière est une vente permanente auprès de tous et cela le sera toujours mais cette fois-ci après un demi-siècle de prospection, il semble opportun de passer dans le demi-siècle restant à celui d’être prospecté.
De l’actif qui va affronter le passif, j’ose aborder la phase du passif actif !
Du chercheur d’emploi quémandant un emploi au patron courant après les clients, n’est-il pas possible d’être demandé en mariage pour enfin aborder notre véritable mission qu’est celle du partage dans la joie et la bonne humeur avec tous nos frères les humains et en pleine harmonie avec tous les règnes de la nature ?
Quand mon cœur est en paix, la sagesse surgit comme un ruisseau venant de nulle part mais allant partout pour le bien de tous.
Alors je me dis, va en paix, sois en paix mais n’oublie pas de rayonner ta sagesse partout où tu peux, sans urgence ni frénésie ni fanatisme. Et puis un jour, au détour d’un commentaire, d’un mèl, d’une anecdote, d’une blague, d’une rencontre, d’un sourire, d’un échange, d’une aide, viendra un pollen qui ouvrira le champ de toutes tes possibilités…
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 11 octobre 2006 et réactualisé sur le blog 345D le 9 avril 2012.
(1 commentaire)
DomiLuce
9 avril 2012 à 19 h 05 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Ha-ouiiii…. Le grand saut dans l’inconnu des quinquas qui repartent à zéro et sans filet !
Faut une bonne dose de Foi et de lâcher-prise, et un bon haut-parleur à la petite voix… hein ? 😉