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Profession : Urgentiste (partie 2)

urgo3Après avoir déminé le terrain des peurs liées à l’urgentiste (partie 1), il serait maintenant opportun d’aborder l’autre facette différenciatrice de l’urgentiste : celle des responsabilités.

Bien qu’identique à celles de son collègue médecin, la nature du contexte où s’exerce l’activité va l’exposer à des prises de décision avec le risque maximal, à la limite de la faute professionnelle, faisant ainsi monter son taux d’adrénaline.

Les émotifs, les cœurs sensibles, les cardiaques, les nerveux, les maniaques, les perfectionnistes et les indécis sont chaudement recommandés à exercer dans une autre branche d’activité professionnelle.

Comme précédemment mentionnée dans mes citations, la capacité de décision entraîne inexorablement le niveau des responsabilités. A décision sans risque, peu de responsabilité (et donc normalement peu de gain) et inversement : A risque maximum, responsabilité maximale, sauf que, dans ce dernier cas, la variabilité des gains va de milliardaire à la prison à vie selon la nature des circuits économiques empruntés et des règles en usages…

En revenant au sujet, contrairement au médecin classique qui peut prendre son temps de faire faire des analyses ou toute autre opération coûteuse alimentant la bête économique au détriment de la sécu, l’urgentiste joue la montre.

Son professionnalisme, sa compétence, son expertise et sa condition physique lui feront gagner des minutes, des secondes suffisantes pour sauver une vie, un édifice ou une entreprise.

Ses décisions doivent être prises immédiatement à partir d’indices, de suppositions, de tendances, d’incertain et souvent dans des conditions extérieures peu propices à la relaxation ou au farniente.

L’hésitation est son adversaire le plus redoutable et qui lui empoisonne l’existence. Une fois la décision prise, ses gestes doivent être précis, chirurgicaux et sans état d’âme. Il doit parfaitement contrôler et maîtriser ses émotions, quitte à craquer plus tard, un fois tout danger écarté.

En pleine action, tous ses capteurs internes et externes sont en sensibilité maximale pour capter le moindre indice, le moindre souffle, le moindre craquement, la moindre peur afin de rassurer et d’opérer avec célérité.

En pleine intervention, pas le temps d’expliquer le pourquoi du comment, pas le temps d’organiser des votes démocratiques, pas le temps d’arrondir les angles, pas le temps d’instruire les ignorants, mais parallèlement il est d’une écoute totale où tous ses radars sont sur le qui-vive.

Écoute, empathie, sérénité, lucidité et charisme sont nécessaires pour bien mener son action. Optimiste et enthousiaste, il réconforte le patient sans pour cela trahir la triste réalité des choses. Sérieux et responsable, il exprime sa foi en la vie par l’espoir qu’il projette tout autour de lui.

Désintéressé et sans calcul, il donne, il se donne sans compter afin que l’entité puisse continuer son expérimentation sur le chemin de la vie. Son engagement est total, sans limite, à la vie à la mort.

Et puis une fois l’action finie, il fait une pause, s’ébroue de toutes les tensions contractées puis repart pour une prochaine intervention. Riche de ses expériences, il remet en permanence son travail sur le métier afin d’améliorer encore sa capacité d’intervention.

Sauveur dans l’âme, c’est un battant, un gagneur, un optimiste né qui sait qui il est et contre quoi il se bat. Chaque personne, bâtiment ou entreprise, est différent mais, à un niveau sous-jacent, elles sont toutes régies de la même manière.

C’est un guerrier de la vie et il vendra cher sa peau. Certains de ses frères se feront cueillir avant l’âge mais cela ne fait que renforcer sa vigilance face au danger.

Il est seul mais travaille toujours en équipe, car sans elle il n’est rien. Un pour tous et tous pour un est la seule règle qui fonctionne dans les cas d’urgence.

Tous les gens qui font ce métier seraient d’accord avec ce que j’écris si cela ne correspondait qu’à sauver des vies ou des bâtiments. Expérience à l’appui, je peux dire que sauver une entreprise, et donc des emplois, demande les mêmes qualités, sauf que les outils utilisés sont différents et le temps d’intervention plus long.

Cette dernière caractéristique demande une qualité de résistance physique et morale encore plus importante. La fatigue, l’usure, le découragement et parfois la colère vous collent comme des parasites, mais qu’importe quand le but en vaut la chandelle.

Urgentiste, c’est avoir dans le sang l’abnégation face au danger. Cette pression extérieure est comme équilibrante pour compenser cette volonté d’aider l’autre face à l’inéluctabilité d’une roue qui tourne et qui finira bien par gagner un jour.

C’est David contre Goliath, mais que c’est bon d’éprouver sa densité intérieure car chaque poussée d’adrénaline maîtrisée est une coulée d’un métal qui vous construit de l’intérieur.

Vous devenez comme inoxydable aux petits ennuis du quotidien. Vous sentez en vous cette puissance qui sort de vous et qui vous rend si optimiste, si compréhensif, si admiratif devant l’ardeur de chaque être humain à vouloir être ce qu’il pense être.

Le monde vous apparaît plus beau, les gens plus exceptionnels, car derrière votre pas assuré et votre détente nonchalante, se cache un redoutable guerrier. Invincible dans l’âme, les gens aiment vous côtoyer car ils sentent que vous êtes quelqu’un de bien et dont ils vont en tirer quelque chose de bon.

Alors, cela vaut le coup de se battre pour eux, non pas pour réclamer de l’amour, de l’attention ou des honneurs, mais tout simplement pour démontrer qu’eux aussi ils peuvent toucher du doigt leur divinité intérieure s’ils voulaient bien se donner un peu de peine.

Laurent DUREAU

Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 17 octobre 2006 et réactualisé sur le blog 345D le 16 mars 2012.

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