Expression peu connue, rarement utilisée mais ô combien réelle pour la majorité d’entre nous, « Plafond de verre » signifie une impossibilité à franchir un niveau ou une limite. Apparemment, il n’y a pas de limite, pas d’obstacle et pourtant malgré tous nos efforts, nous faisons du sur-place.
Si le mot plafond est utilisé, c’est surtout concernant l’ascension hiérarchique. Malheureusement, il n’y a pas que des plafonds de verre mais aussi beaucoup de murs en verre. Autant je peux comprendre que tout le monde ne peut être chef, autant je suis surpris par le manque évident de transversalité dans les compétences.
En effet, si vous êtes réceptionniste dans une entreprise, il vous sera probablement difficile de devenir secrétaire commerciale. Pourtant, ces 2 fonctions ne sont pas si distantes que cela.
Il en est de même pour le recrutement. On cherche un commercial mais si vous avez un diplôme de dessinateur en bâtiment ou vous avez fait une école de sciences de la Terre, (sous le couvert que vous n’avez pas de diplôme d’école de commerce), il est considéré que vous ne connaissez rien au commercial et donc à la vente !
C’est avec des raccourcis comme cela que vous sentez qu’il existe des murs et des limites avec lesquels il va falloir faire. Bien que dans ce dernier exemple, le mur semble coloré d’une raison « officielle » et de bon sens, vous ressentez le subir comme une injustice.
En effet, il n’est pas noté dans votre CV que vos parents étaient commerçants et que depuis tout petit vous avez aussi tenu boutique. Mais devant le peu de rendement de cette profession et l’astreinte journalière, vos parents vous ont poussé à faire une école plus valorisante techniquement.
Combien de fois ai-je pu voir des étudiants d’écoles de commerce venir faire des stages dans mon entreprise. Ils étaient fiers d’appartenir à leur école et ne trouvaient pas de mots assez forts pour décrire qu’ils étaient dans l’une des meilleures écoles du marché.
Je prenais donc un malin plaisir à les mettre au pied du mur dès la première semaine de stage pour leur faire comprendre que l’instruction ne fait pas le vendeur. Généralement, le lundi suivant, ils avaient une tête déconfite au point de demander l’arrêt du stage parce qu’ils étaient trop nuls.
C’est alors qu’ avec quelques sourires et raisonnements à l’appui, je les remotivais à fond mais en partant sur de nouvelles bases. En procédant de manière simple et connecté au monde « réel », ils ont appris à écouter, entendre puis comprendre ce qu’était un prospect, un client ou un marché.
La première étape consistait donc à casser leur vision du « moi, je sais tout et je vais vous le montrer« . Certes, la jeunesse est connue pour son enthousiasme mais cela ne suffit pas face à l’adversité. Un diplôme ou l’appartenance à un clan, c’est bon pour l’ego mais pas forcément pour le chiffre d’affaire !
Il en est de même pour les plafonds ou murs de verre. Ils existent, bien qu’officiellement il n’y en ait pas. Que vous soyez jeune, quinqua, femme ou étranger, vous sentez que vous êtes dans un labyrinthe alors qu’officiellement vous êtes dans un lieu de libre circulation où aucune limitation réglementaire n’existe.
Les solutions ne sont pas simples et pour cela, il faut savoir prendre du recul afin de trouver la bonne paire de lunette qui saura vous montrer la réalité. Si l’on vous demande de traverser un champ apparemment anodin mais que vous savez rempli de mines anti-personnelles, il est bon d’avoir le matériel adéquat.
C’est pourquoi, avec l’expérience, il est bon d’avoir plusieurs cartographies du terrain. Il y a la cartographie juridique et réglementaire, celle des jeux du pouvoir, celle des compétences, celle des métiers, celle qui est reliée au culturel, celle du plus ou moins religieux, celle des émotions ou climat social ainsi que celle du temporel.
L’ensemble de ces cartes donne une réalité assez précise pour prendre de bonnes décisions. Alors par rapport à votre fréquence « personnelle », vous pourrez ainsi mieux voir où sont les murs et les plafonds de verre qui vous barrent la route vers votre objectif final.
J’ai rencontré dans ma vie beaucoup de gens qui pensaient que parce qu’ils avaient tel diplôme, telle compétence ou telle ancienneté, on leur devait tel salaire ou tel poste. Cela pouvait se faire dans l’ancien temps mais plus maintenant.
Aujourd’hui, on se veut plus pragmatique, plus proche des résultats et pourtant personne ne veut changer la manière de voir d’avant. Alors on recrute à l’ancienne en disant que l’on cherche du nouveau. On veut du mouton à 5 pattes parmi le troupeau des 4 pattes. On recherche des « anormaux » parmi les « normaux ».
Alors si vous vous cassez les dents régulièrement sur des comportements qui vous irritent, passez votre chemin et allez voir ailleurs, là où tout devrait être possible. Cet eldorado qui vous attend s’appelle l’entreprenariat.
C’est une expérience extraordinaire où vous découvrirez votre champ de tous les possibles bordés sur tous les côtés par les champs de mines des autres. Certes, vous serez en sécurité chez vous pour planter la toile de tente et vous relaxer.
Mais cela ne vous empêchera point de cartographier le champ des voisins afin de porter la bonne paire de lunette lors de chaque sortie. Pour ma part, j’ai choisi l’ULM (Ultra Léger Motorisé) afin de survoler et prendre de l’altitude par rapport à toutes les bassesses du monde normal.
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 5 mars 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 2 avril 2012.