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L’orage est passé mais la terre fume encore…

 char-assautHier je parlais des émotions et il ne se passe pas une journée sans que tout et son contraire arrivent en même temps. D’un côté, l’énergie masculine avec ses éclairs vous met le feu à tout ce qui est sec, avec tonnerre et fracas, puis de l’autre côté vous avez cette eau bienfaitrice qui vient éteindre le tout.

Parfaitement naturel, ça c’est sûr mais, en attendant, la terre de mon corps fume encore après que l’eau ait dévalée à travers le sang de mes veines. Et puis dans tout cela, qu’ai-je gagné ? Est-ce que cela a fait avancer le schmilblic ? En toute honnêteté, il me faut dire oui malgré le mode essorage de mes sentiments détrempés.

Je suis stupéfait de voir combien les peurs projetées d’une personne peuvent faire du mal à celui qui les reçoit. On peut toujours se dire que l’armure est solide, qu’elle en a vu plein et que son paratonnerre est efficace, et pourtant l’eau arrive toujours à pénétrer par les jointures.

Et puis dès que le temps vire au sec, des petits couinements se font entendre malgré les couches de graisse et d’huile qui recouvrent cette structure qui semble vouloir s’affaisser avec le temps. Le temps semble avoir du poids dans l’histoire.

Cela me fait penser à un char d’assaut qui, à l’arrêt, nous semble un bloc inattaquable et insensible aux coups et à la mitraille. Mais dès qu’il se met en route, c’est une toute autre image qui nous fait peur. C’est non seulement la vitesse de ses déplacements mais surtout le bruit infernal qu’il dégage.

Rien que le bruit à lui tout seul vous fait trembler des genoux. Nul besoin de le voir mais vous pressentez que vous allez passer un mauvais quart d’heure. Vous pressentez que vous ne serez qu’une simple bouillie après son passage.

Quand on voit quelqu’un dans un tel état de vacarme, on peut effectivement craindre le pire mais, avec un peu de recul, vous savez que le blindage de ses souffrances et que les obus de ses peurs ne sont rien en regard de votre bazooka ou lance-roquette.

Il suffit seulement de s’exposer pendant quelques minutes, viser tranquillement et appuyer sur la gâchette de l’intention. Une fois le coup parti dans le feu de l’humour et du rire, votre roquette d’amour arrêtera, d’une manière ou d’une autre, la boite de conserve en mouvement.

En effet, on peut toujours se croire à l’abri dans un char à l’arrêt mais dès qu’il se met en mouvement, la carapace de ses certitudes devient un handicap et les chenilles verbales sont autant de prises pour de faire décheniller.

Quelle que soit la couleur de camouflage du char, son bruit et sa chaleur le rendent parfaitement visible à tout soldat bien équipé. Que ce char soit frappé d’un emblème positif ou non, il est par définition un destructeur de vie.

En prenant la comparaison d’une personne avec un char d’assaut, nous pouvons globalement comprendre que l’émotion est rarement neutre et qu’elle coûte énormément à ses propriétaires même en temps de paix.

Entretenir une armée, c’est entretenir un sentiment d’infériorité où la peur nous fait dire que c’est pour protéger le pays et donc la paix. Ces sentiments nationalistes ne sont qu’illusions qui mènent infailliblement à la guerre.

Croire que certains de nos sentiments sont justifiés, c’est dire aux autres que s’ils viennent se frotter à nous, alors on leur fera comprendre notre conception du monde. Nos sentiments nous mènent aussi sûrement à la destruction que l’eau érode le rocher.

Nous sommes nos propres bourreaux quand nous clamons nos peurs comment étant légitimes. En vérité, nous clamons notre impuissance à pouvoir nous aimer suffisamment pour les désactiver. Alors quand on en a un peu trop, on préfère aller les balancer sur les autres au premier prétexte venu.

Puis quand l’eau de l’amour coule sur le canon encore tout fumant, elle s’évapore ou retombe bien chaude sur ce sol qui se ramasse déjà tous les obus et toutes les douilles, ce sol qui appartient à la Terre et qui ne saurait nous raconter toutes les atrocités qu’il a vu depuis l’aube des temps.

L’eau et l’air se sont fâchés en Birmanie pour mettre en évidence une junte militaire à bout de souffle et d’idéologie. Et puis, son grand protecteur se voit infliger un tremblement de terre pour lui rappeler que les JO ne doivent pas être sa seule préoccupation.

Quand l’être humain comprendra qu’il agit sur les éléments par ses pensées et par cette force de l’émotion qui met tout cela en action dans la matière, alors peut-être aurons-nous fait un grand pas vers plus d’humanité.

A chaque évènement majeur, l’humanité commence à vouloir aider la partie blessée en dépassant les lois et les dictatures locales. Le droit d’ingérence sautera un jour ou l’autre sous peine de voir l’humanité mourir tout simplement.

Aujourd’hui, ce n’est plus une idéologie quelconque qui doit s’imposer dans un coin de la terre mais une compassion unique pour tous, car nous savons aujourd’hui que nous sommes tous sur le même bateau.

Certes, nous ne sommes pas tous dans les mêmes cabines mais il ne faut pas croire, quand on est sur le pont ou dans les 1ères classes, que ce qui se passe dans les soutes est sans importance.

C’est le contraire car, quand les cabines inférieures se révoltent, cela veut dire que les avaries deviennent si nombreuses qu’ils n’ont plus comme autre choix que de monter dans les étages pour manger à leur faim.

Et s’il n’y a plus à manger dans les soutes, cela veut aussi dire que le bateau est en train de prendre l’eau. Le bateau semble encore être à l’horizontale, mais pour encore combien de temps ?

Chaque vague émotionnelle ne fait que faire grandir les fissures d’un monde qui a choisi l’apparence à celui de l’amour et du partage, qui a choisi la liberté individuelle égoïste à celui d’un consensus minimaliste, qui a choisi le pillage systématique à celui de la préservation intelligente.

En résumé, ce qui se passe à l’échelle d’un individu est identique à ce qui se passe au niveau national. Venez à vous échauffer avec un voisin et c’est tout le quartier qui va prendre parti. Idem au niveau mondial, échauffez-vous avec une nation et ce sont tous les pays du monde qui vont y mettre leur mot.

Au rythme où vont les choses, on va faire plus de progrès en quelques années qu’en quelques siècles. D’un côté, on a de quoi être content mais d’un autre, les défis vont être tout aussi importants. Alors qui va gagner : l’humanité ou la planète ?

Je garde mon pronostic pour moi mais, compte tenu des puissances en jeu, sincèrement, je ne crois pas que c’est l’humanité qui va imposer sa loi à la planète. Je ne peux que souhaiter que l’humanité enfin reconnaisse que ses libertés de prélèvement sont limitées et que la quantité d’amour qu’elle peut donner est tout bonnement infinie.

Aimez-vous vous-même et vous aimerez autrui ainsi que toutes les formes de vie. Par ce simple fait, vous viendrez à ne prélever que le minima pour être bien. Plus de gaspillage par inconscience ou pour satisfaire un ego en mal d’amour.

Soyez vous-même et montrez l’exemple chaque jour en faisant attention que l’émotion amplifie bien vos bons côtés tout en vous permettant de découvrir ce qui vous fait souffrir. Longue vie à l’homme qui aura découvert qu’il était un Dieu mais qui ne voulait pas le croire !

Laurent DUREAU

Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 15 mai 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 27 avril 2012.

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