Tout dans la vie est une histoire d’entreprise car nous sommes tous des entrepreneurs par définition. La raison principale est que nous sommes tous des créateurs en puissance désirant exprimer ce que l’on est, ce que l’on ressent, ce que l’on vit par tous les moyens possibles, imaginables et pas toujours réalisables.
Pour certains ce sera avec des parpaings, des planches et d’autres par de la musique, de l’écriture, de l’expression corporelle, du sport, etc. Et derrière tout cela se cache le même process de mise en oeuvre. Laissez-moi vous en dire quelques mots.
Entrepreneur, entreprise viennent de « prendre – preneur » et « entre » signifiant l’interaction. Derrière toute entreprise se cache un dirigeant, un manager, un quelqu’un qui prend les choses en main. Manager vient de « manu » les mains. Le verbe anglais « to manage » exprime véritablement ce sens. Or, qu’est-ce que le management sinon que de prendre en main les hommes et les femmes de l’entreprise sur un plan organisationnel et social (pour le reste ce ne n’est pas mon sujet…).
Donc, toute construction (matérielle et immatérielle) voulue par quelqu’un fait de lui un manager d’une entreprise.
Vouloir être sur la toile par un blog c’est dire : J’ai un produit (ce que j’ai à dire c’est-à-dire Moi, un ego parmi tant d’autres et que je pense unique) que je veux proposer à un marché (la toile) et où j’espère trouver des clients (les lecteurs).
J’en attends un bénéfice (de la reconnaissance dans un premier temps, des sous dans un second) mais pour cela il va falloir que j’en organise la production (plateforme de blogging) en faisant appel à des fournisseurs extérieurs de tous poils sans me faire plumer.
Alors viendra ensuite, la gestion de mon temps devenu précieux et les interactions familiales en découlant . Cela ne m’empêchera pas de faire une analyse du marché pour me marketer là où j’ai des chances de réussite, sans oublier pour autant de faire une pub suffisante pour que l’on me remarque.
Donc, vu sous cet angle, le blogging est une entreprise virtuelle (au moins à la vue du fisc) mais qui est bien réelle avec une adresse (nom de domaine), des clauses de ventes (Net-étiquette), une raison sociale (nom du blog) et une classe naf (catégorie dans laquelle je classe le blog ).
Les choses se révèleront véritablement quand vous passerez au stade monétisation du blog. Pour l’instant, le fisc reste cool devant les sommes ridicules collectées individuellement mais commence à montrer les dents à partir d’un certain seuil. Pour l’instant ce seuil reste inconnu mais il faudra peu de temps avant que les choses deviennent gravées dans le marbre du Code des impôts.
Je ne vais pas nommer ici tous les tuyaux qui permettent pour l’instant de passer au travers du filet, mais croyez-moi la passoire actuelle viendra à se rétrécir sérieusement, loi après loi car il ne faut pas croire que l’internet restera une zone de non-droits fiscaux.
Bref, en revenant à notre entrepreneur blogueur, qui travaille au noir (car non-rémunéré) et qui se retrouve au même stade qu’un artisan à ses tout débuts. Il est tout seul ! Seul au charbon, seul devant le clavier, plus ou moins fauché et pourtant il faut qu’il fasse tourner la boutique. Il emprunte donc lourdement dans une monnaie que l’on appellera « unité de temps ».
Moi, je vois le blogueur comme un boulanger. Avec de la farine de qualité variable (de l’information tout azimut), il élabore un produit plus ou moins frais, croustillant, original et désirable. La vitrine (le thème du blog) doit être sympathique et en relation avec les produits sur l’étalage. Le prix (la qualité d’accroche du titre) fera que le prospect (l’internaute papillon) achète (lit l’article) et puisse devenir un client régulier (fil rss, abonnement email).
Par les bonnes odeurs du magasin (la qualité de ses articles), il attirera les badauds de passage. Et puis devant l’augmentation du trafic piétonnier et flairant les bonnes affaires, des banquiers vont se faire connaître (Moteurs de recherche, Google en tête) afin d’en tirer profit. Ces derniers, en mettant à disposition leur service de propagande (accès à l’info), feront que le Chiffre d’Affaire va exploser grâce au rabattage tous azimuts des prospects.
Alors de fil en aiguille, le bon boulanger se fera mieux repérer parmi les moins bons. La concurrence est rude et toutes les stratégies sont possibles pour se démarquer. On affichera le nombre d’abonnés, de visites uniques, etc. pour rassurer le nouveau venu. Tout est bon à prendre car plus le CA augmente et plus notre bénéfice potentiel sera grand, ce qui augmentera assurément notre ego, notre confiance en nous-même, ainsi que notre assurance à réussir (dans l’avenir).
Au départ, on donne beaucoup tout en sachant que les clients vont se faire rares. La boutique sera souvent déserte et les queues inexistantes, mais quand cela commencera à fonctionner, on commencera à mettre des viennoiseries (pub adsense et autres) pour se faire du beurre, pour aller ensuite proposer des pâtisseries (ebook, programme d’affiliés) afin de s’engraisser.
Le fait que le sujet sur la monétisation des blogs devienne un sujet de plus en plus abordé, démontre que l’amateurisme du blogueur est en passe de se professionnaliser. D’ailleurs, leur rêve c’est tout simplement d’en vivre, n’est-ce pas ? La fougue, l’innocence et l’enthousiasme naïf du débutant va laisser place à d’autres qualités plus pragmatiques (combien cela va me rapporter en argent ?).
Alors, toujours pas convaincu que le blogging est une entreprise ?
Certes, tout le monde n’est pas blogueur mais assurément tout le monde est un entrepreneur. Ceux qui en savent le plus à ce sujet sont les femmes car elles, elles ont toute une entreprise appelée Famille qu’elles doivent véritablement manager.
Pour l’instant, les directions d’entreprises sont surtout masculines car ces messieurs n’ont qu’un seul fourneau à gérer ! Qu’on leur donne l’entreprise Famille en plus à s’occuper et beaucoup de place deviendront disponibles dans les comités de direction. Je pense qu’au moins la moitié d’entre eux (idéalement) ne pourraient pas suivre le rythme ce qui ramènerait la parité, in fine, à égalité.
Allez, qui d’entre vous, lecteurs, allez faire la popote, la vaisselle (tous les jours et pas seulement quand vous vous sentez OK pour le faire) ET s’occuper véritablement de ces gosses turbulents qu’on adore mais qui sont si fatigants quand on les a un peu trop sur le dos. Pour ensuite avoir encore assez d’énergie pour que votre conjointe vous trouve craquant, en forme, amoureux, sexy et prêt à écouter d’une belle et douce oreille attentive toutes les turbulences et doléances qu’elle aura eu dans sa journée professionnelle (car vous, en filigrane, vous n’avez pas la chance d’avoir tous ses soucis)…
Être un entrepreneur, c’est vraiment un taf pas possible mais être une entrepreneuse c’est un chemin de croix que les hommes n’imaginent pas vraiment. C’est pour cela qu’ils sont si macho dans le monde professionnel d’aujourd’hui car ils savent que le jour où les dames prendront les commandes ou auront leur mot à dire, ils vont tout simplement déguster !
Ce sera fini de se prendre pour le chef, il faudra apprendre à négocier et, par expérience, je sais qu’elles sont très dures en affaires. En tout cas, les mecs qui se la jouent vont découvrir à leurs dépens qu’ils sont en fait les maillons faibles. Aujourd’hui il existe le SOS des femmes battues et sous peu il y aura le SOS des hommes a-battus !
Bref pour terminer cette petite diversion, nous sommes tous des « serial entrepreneur » sans exception sinon comment on aurait pu faire pour rencontre son ou ses conjoint(e)s et fabriquer des petits pieds…
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 4 janvier 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 23 mars 2012.