Pour continuer la série sur la saga du courage managérial, je vais aborder aujourd’hui un aspect un peu plus pragmatique du manager : celui de sa relation avec son équipe. En effet, un manager (ou un cadre) par définition est quelqu’un qui encadre des collaborateurs directs.
Cela peut même s’étendre à la notion d’équipe si l’on prend l’objectif du manager comme un projet à part entière. Commençons donc par les plus classiques des travers d’un mauvais chef d’équipe ou de projet.
1 – Ne pas savoir organiser son équipe
Le courage managérial intervient quand il faut trancher dans les habitudes de ses collaborateurs, voire de l’ancienne façon de travailler dont vous avez hérité. Je ne dis pas qu’il faut tout chambouler pour chambouler mais, tout simplement, changer ce qui doit être changé.
Exit alors les copinages et les relations non-dites qui exercent une pression inutile dans l’organisation. Démêlez les imbroglios du passé afin de faire table rase et repartir d’un bon pied. Simple en logique pure mais assez traumatisant dans les faits tant les personnes sont souvent compliquées.
2 – Ne pas reconnaître votre incompétence
Chef ou pas, manager ou pas, vous ne savez pas forcément tout. Il y a bien quelque chose que vous ne savez pas alors, prenez votre courage à deux mains et faites-le savoir. Mieux vaut annoncer une incompétence que d’attendre que vos collaborateurs la découvrent !
Dans le premier cas, votre transparence sera perçue comme saine et chacun pourra se sentir utile pour combler vos lacunes; alors que dans le second cas, vous allez vous construire une réputation qui vous sera difficile à éradiquer. Les rumeurs et les croyances font plus de mal qu’une vérité annoncée.
3 – Ne pas soutenir son équipe
S’il y a toujours une position désagréable dans le management, c’est bien celui d’encaisser tout quand ça va mal ou de travers et d’être anonyme quand le succès est au rendez-vous.
Assumer ses responsabilités, droit dans ses bottes, surtout quand vous savez qui est à l’origine du désastre demande une retenue digne d’un vrai courage managérial. Et puis, une fois l’orage passé, vous pourrez aller présenter la facture auprès dudit collaborateur qui en prendra certainement pour son grade.
4 – S’arroger tous les succès
Si vous vous faites discret sur l’apport que vous avez eu dans l’atteinte d’un succès, le simple fait de ne pas vous arroger les bénéfices permettra de valoriser extérieurement l’ego de vos collaborateurs tout en les motivant à vous aider plus.
En effet, qui se défoncerait pour un chef qui brillerait de mille feux sous les lampes médiatiques ou hiérarchiques alors que lui-même est totalement ignoré ? Cela peut se faire une fois ou deux mais pas du tout dans la systématique, sous peine d’avoir à gérer des démotivés profonds.
A ce niveau, le courage managérial est d’arriver à éteindre son ego suffisamment afin que celui des autres puissent prendre le devant. Simple à dire mais pas vraiment facile à faire, surtout quand on est soi-même en position délicate…
5 – Ne pas savoir souder et valoriser son équipe
Là, en prenant la situation par un autre bout, je dirais que casser du sucre sur le dos des collaborateurs en ne leur montrant que les échecs est une stratégie très efficace pour détruire la cohésion de l’équipe et donc de leur motivation.
Le courage managérial à ce niveau est d’être capable de voir du positif dans tous les éléments qui composent votre équipe et de rester calme. C’est dur de ne pas trouver une tête de turc ou un bouc émissaire quand vous venez de vous prendre une douche froide.
Je sais cela fait du bien sur le moment de se défouler mais recoller les morceaux ne présentera jamais la solidité d’une pièce non cassée. De plus, le prix de cette super colle vous coûtera une fortune en temps et en argent…
6 – Ne pas reconnaître ses erreurs
Autant on est prompt à voir les erreurs des autres autant il est difficile d’afficher les nôtres ! Rappelez-vous que vous êtes un être humain et donc très perfectible. Démontrez que vous n’êtes pas aussi parfait que vous le pensez.
Alors, votre courage managérial à ce niveau n’est pas d’attendre que l’on découvre votre erreur et que l’on vous pousse à avouer. Mais plutôt d’annoncer avant tout le monde et d’une voix suffisamment forte que vous avez fait une boulette.
C’est vrai qu’annoncer ses erreurs n’a rien vraiment de valorisant, mais si vous le faite avec sincérité et le plus tôt possible alors vos collaborateurs vous respecteront car eux-mêmes n’y arrivent pas…
7 – Ne pas se la jouer loyal
A chaque fois que vous essaierez de vous débiner par le secret ou la rhétorique de la langue de bois, vous susciterez inévitablement le doute sur ce que vous êtes véritablement. Alors de petits cailloux en petits cailloux, vous allez inévitablement construire un tas de sable puis une montagne de gravier.
Sans faire dans la gestion d’une carrière pour matériaux de construction, votre réputation concernant votre loyauté sera mise à rude épreuve. Si vos collaborateurs ne vous sentent pas vraiment fiable par temps de gel, je peux vous assurer qu’ils ne donneront pas le meilleur d’eux-mêmes surtout dans les zones à risque.
En effet, qui irait au front et prendrait des risques tout en sachant que le chef qui le commande se portera malade le jour de la bataille ? Il ne faut quand même pas prendre tout le monde pour des billes…
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 17 juin 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 28 février 2012.
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