Pour résumer les articles précédents, on a vu que pour être un manager à la hauteur, il y a les 2 premiers écueils à éviter : l’indécision et le déficit d’écoute. Je tiens à rappeler que nous sommes tous des managers dans la vie de tous les jours.
Le père de Famille manage sa famille, de même que la maman d’ailleurs. L’enfant manage ses copains, etc. Tout être humain doit manager, c’est-à-dire littéralement prendre en main afin de pouvoir s’insérer dans un schéma social, économique et culturel.
Nous avons vu que l’aîné est l’indécision, que le second est le déficit d’écoute, alors vous pouvez imaginer quelque peu le portrait du petit troisième. Il est bien sûr le prolongement du second, c’est-à-dire la lacune dans la reconnaissance.
J’ai déjà abordé le sujet brièvement dans le précédent article. La pire insulte pour un être humain est qu’on l’ignore sur toute la ligne comme s’il était aux abonnés absents. Imaginez les séquelles quand papa dit à son gosse qu’il n’est plus son fils. Rassurez-vous, maman ne fait pas mieux quand elle lui dit « Je ne t’aime plus » .
Le papa, digne représentant des énergies masculines (et donc le mental), dit littéralement à son fils : « Je vais totalement ignorer que tu es un esprit. Tu fais maintenant partie du néant ». La maman, côté énergie féminine (et donc le coeur), balaie définitivement toute relation d’amitié et d’union.
Si avec ça, le fiston arrive à grandir harmonieusement, que ses résultats scolaires sont excellents et que toutes les filles lui courent après, c’est que probablement l’estime qu’il a de ses parents et de lui-même doit être très très haute !
J’ai pris cet exemple car il est si commun que c’est un schéma que nous reproduisons souvent avec les gens qui nous entourent. C’est du style « Si tu fais une bêtise ou n’importe quoi que je ne désire pas, je vais t’ignorer aussi bien dans ma tête que dans mon coeur« .
Avouez que cela est un management qui ne vous est pas inconnu. D’une manière ou d’une autre, nous sommes tous passés à la casserole même si les mots ne nous ont pas été dits. Les comportements parlaient souvent d’eux-mêmes.
Alors imaginez, une fois adulte, quels sont les ravages que cela donne dans les rangs de vos collaborateurs. Ignorer ceux qui bossent au fin fond de l’usine, envoyer balader ceux qui veulent vous parler et crucifier celui qui vous énerve n’est pas vraiment la voie de la reconnaissance.
Bien sûr, comme d’habitude, je tire le trait mais à bien regarder c’est loin d’être faux. Cette radioactivité « naturelle » possède en elle-même un désavantage clé : celui d’être cumulatif. Chaque particule émise a fait des dégâts et le temps ne pourra réparer le mal qui a été fait.
Sans faire de cours de physique, on peut imaginer que des micro-expositions régulières font souvent plus de mal que tout en une seule fois. Alors maintenant que vous savez écouter les gens, il vous faut apprendre à renvoyer l’information avec une énergie positive.
Cela s’appelle savoir reconnaître la valeur des gens. Une seule poignée de main donnée avec sincérité, chaleur et fermeté, est capable de faire ressentir à votre interlocuteur que vous appréciez ce qu’il est, ici et maintenant.
Cela ne vous empêchera pas de lui passer un savon dans la demi-heure qui suit en réunion. Vous êtes le chef et il compte sur vous pour apprendre et progresser, alors ne le décevez pas. Il se battra pour vous si vous juste et équitable.
Mais si, par contre, votre poignée de main a été mécanique, sans réel intérêt, l’interprétation de la même engueulade sera prise beaucoup plus négativement et le résultat sera inversement proportionnel. Vous aurez alors un balourd qui vous mettra des bâtons dans les roues et vous allez avoir quelques rayons de cassés.
Il y a déjà les nids-de-poule, les cailloux, les trottoirs mais si, en plus, il faut rouler avec des roues voilées, on peut comprendre que même suivre la ligne continue sera une galère. Et cela sans compter les couinements rythmés des patins de frein.
Le courage managérial, c’est aussi reconnaître l’interlocuteur qui est en face de vous comme un être humain que vous respectez entièrement et cela, sans aucune relation avec la fonction exercée par ledit individu.
Avoir un délégué syndical qui s’escrime sur vous lors d’un prud’homme pour sauver l’innocente brebis qui vous a plumé, ne dispense pas d’être cordial et surtout confiant dans la nature humaine !
Reconnaître la valeur des autres est important, même si cette valeur est parfois minime. D’ailleurs, c’est ceux-là qui en ont le plus besoin car ceux qui ont du trop plein viendraient même à vous prendre de travers si vous insistiez…
Je reconnais que la nature humaine est complexe, mais rappelons-nous qu‘entre les extrêmes, il y a la majorité. Une bonne vieille courbe de Gauss remet tout le monde d’accord car sa forme en cloche nous renvoie bien à nous-même (des cloches !).
Le courage managérial, c’est faire preuve de courage là où tout être humain laisserait tomber. Aller au-delà résistances, des rancoeurs, des on-dit pour faire comprendre à autrui que l’on reste ouvert à eux et qu’en plus, on les reconnaît humainement malgré tous leurs travers.
C’est vrai qu’il faut être courageux quand votre mental-ego vous hurle de ne surtout pas le faire et que votre petite voix vous dit » Allez, souris, allez, va lui serrer la pogne, allez, va lui dire qu’il est quelqu’un « . C’est vrai, il faut avoir du courage et surtout de l’honnêteté.
Même si votre société coule, même si certains sont vraiment responsables de la catastrophe, la seule chose qui restera ne sera pas les multiples faits et coups bas mais votre capacité à avoir gardé le contact d’âme à âme. Seul cela compte car s’il est des faits qui s’oublient, l’âme n’oublie rien et de tout temps.
Alors si vous ne voulez pas que « l’enfoiré avec qui vous avez totalement la haine » ne devienne votre grand frère, l’un de vos parents ou de vos enfants dans la prochaine vie, mieux vaut être prudent en se disant qu’après tout nous ne sommes que des gamins jouant dans un bac à sable sphérique appelé Terre.
La sagesse est mère de sûreté dit-on, alors ne soyez pas bon élève en lacune de reconnaissance des autres joueurs, ils ne sont que des reflets de ce qui se cache en vous !
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 20 mai 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 27 février 2012.
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(1 commentaire)
Coton La Brodeuse
27 février 2012 à 15 h 44 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Je ne m’étonne plus qu’il y ait autant de trous dans mes chaussettes!!!
Que de reprises en vue pour La Brodeuse…
Mais à cœur vaillant et fils de foux-rires issus de tes textes,rien d’impossible***