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Le courage managérial (10) : Les clichés à dépasser

 courage-managerial-4Dernier volet de cette série, je reprends ici la dernière phrase de l’article précédent que je vais développer un peu plus. Car entre la différence intelligemment bien vécue et celle qui est imposée à des fins manipulatrices, la frontière n’est pas toujours claire.

Jusqu’où peut-on être « raciste » ? Jusqu’où peut-on dire que telle différence sera enrichissante pour l’entreprise ? Jusqu’où est-on capable d’aller pour trancher en fonction du bien-fondé politiquement correct ? La question est posée : Jusqu’où un manager / recruteur peut-il aller ?

Si l’on écoute la presse, il ne faut faire aucune ségrégation car dans la logique, tout être humain a le droit d’avoir un travail. C’est vrai, malheureusement, les humains sont loin d’être égaux.

Entre les différences culturelles, les différences d’habillement, les différences de langage, les différences d’âges, de génération et les différences d’attitudes, le manager va devoir affronter le problème du choix et surtout d’en assumer les responsabilités.

A ce niveau, le courage managérial demande d’être droit dans ses bottes et de ne pas parler la langue de bois systématiquement. L’expérience nous apprend que toute vérité n’est pas bonne à dire mais qu’il est quand même préférable d’en assumer les conséquences (même si on a rien dit !).

Alors, que remarque-t-on en général chez nos chers managers pour se défiler sans avoir l’air ? Toutes les techniques sont bonnes, sauf pour vos employés qui vous regardent et qui, secrètement, vous désapprouvent. Regardons quelques traits qui sont souvent raillés.

Le manque de personnalitésupé

Quand il faut y aller, se jeter à l’eau ou contredire le supérieur hiérarchique, vous vous ramollissez, prenez la poudre d’escampette ou retournez votre veste. On vous ressent comme un lécheur de bottes.

Pas de prise de responsabilité

Vous évitez la moindre zone à risque en vous défilant en permanence. Vous ne savez pas dire non. La première pleurnicherie venue, le premier piquet de grève, la première épreuve de force et vous déclarez forfait pour ne pas vous faire rejeter ou détester.

La lâcheté ne vous dérange pas. Par contre, s’il faut effacer quelqu’un de vos tablettes, vous savez comment vous y prendre afin de ne plus être ennuyé.

Vous avez la grosse tête

Votre image égotique est telle que vous en devenez irrespirable. N’étant pas vraiment sûr de votre autorité, vous écrasez par votre grade, par vos diplômes, votre ancienneté, etc.

De plus, vous ne vous cachez pas d’aimer le pouvoir afin d’avoir encore une estime encore plus grande car, au fond de vous, vous n’êtes pas vraiment sûr d’avoir les capacités que vous annoncez ou clamez.

Vous êtes en plein dans les discours bateaux, voire survendus. Aucune originalité, aucune vraie personnalité, vous n’êtes qu’un banal copié-collé qui s’y croit.

Et puis, bien sûr, vous ne savez pas dire merci. Cette marque de condescendance semble vous aller à merveille.

Le manque d’ouverture

Blindé dans vos convictions, vous restez dans des clichés qui font peur. L’étroitesse d’esprit vous caractérise autant que le costume tiré à 4 épingles.

Vous avez des règles d’exception pour vous

Vous affichez un manque de disponibilité récurrent. Vos absences imprévues à répétition et sans aucune justification font peser un doute sur leur motif réel. Votre cynisme à ce sujet tend à croire que vous avez des choses à vous reprocher.

Le laïus de l’homme pressé et débordé ne tient pas la route quand les résultats ne sont pas là. On en vient à se demander si vous savez dans quelle direction vous ramez. Votre vision court-termiste ne fait que renforcer cette présomption.

Vous demandez de la part de vos collaborateurs, confiance, loyauté, ponctualité et serrage de ceinture mais cela ne s’applique pas à vous !

Tous ces comportements se retrouvent plus ou moins chez presque tous les managers. Les dégâts en termes motivationnels sont énormes et laissent des traces difficilement gommables, même en distribuant des primes ou des cadeaux en tout genre.

La nature humaine vit selon un code qui, souvent, va au-delà de ce qui est achetable matériellement. La plus grande de toutes les qualités demandées pour un manager est celle de l’exemplarité.

On ne peut avoir du charisme sur ses troupes si on bafoue les fondamentaux d’une bonne relation humaine. Le courage managérial est d’abord d’être l’exemple à suivre, le modèle que chacun devrait prendre.

Alors, ne venez pas vous plaindre si vos collaborateurs ne vous renvoient pas la balle quand vous avez besoin d’eux. Un jour ou l’autre, vous les avez bafoués dans leur for intérieur et cela, ils ne l’oublieront jamais.

Si, par contre, à chacune de vos demandes, ils s’empressent avec enthousiasme, alors sachez que vous méritez largement de recevoir le trophée du meilleur management.

Mais si ce sont toujours les mêmes qui s’empressent alors que les autres traînent les pieds, vous aurez identifié les lèche-bottes qui vous mèneront à votre propre ruine. N’hésitez donc pas à recruter des gens qui ne vous ressemblent pas et vous assurerez ainsi une plus grande pérennité à votre entreprise.

La différence enrichit quand les proportions restent harmonieuses. C’est à l’image du corps. Ayez les organes en double là où il y a des risques importants, mais n’ayez pléthore là où ce n’est pas la peine.

Laurent DUREAU

Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 9 juillet 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 29 février 2012.

Article précédent: Le courage managérial (9) – Savoir afficher sainement ses zones d’ombre
Premier article de la série: Le courage managérial (1-2) – L’indécision

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