L’anthropologie est l’étude de l’homme. Or, qu’est-ce qu’une entreprise sinon une tribu où l’homme révèle ses instincts et ses comportements ? On en fait tout un tas sur le management des hommes et des organisations mais c’est surtout l’observation minutieuse des individus qui vous en apprendra le plus.
Certes, même si vous ne faites rien de spécifique en la matière, la vie en collectivité, voulue ou non, vous aura appris qu’il y a certaines choses possibles et d’autres non. Parfois, quand le milieu se fait trop étouffant, la meilleure défense reste la fuite…
En effet, nous savons tous qu’il est impossible de vouloir changer quelqu’un s’il ne le désire pas lui-même. Alors, imaginez ce que cela peut donner pour un groupe !
Si un groupe est récent, la difficulté ne sera pas trop grande mais à l’inverse, s’il est antédiluvien alors seule la fuite est raisonnable. Combien de fois nous sommes-nous séparé d’un groupe parce qu’il ne répondait plus à nos attentes d’évolution ?
A 19 ans, j’ai fui à l’étranger pour apprendre une langue (l’anglais). C’était l’excuse mentale mais pas celle du cœur. J’en avais marre de ce milieu qui n’arrêtait pas de me dire que j’étais un nul et que je ne ferais jamais rien de ma vie.
C’est fou comme les gens se projettent sur vous. Ce qu’ils n’aiment pas en eux, ils le critiquent ouvertement chez vous. C’est la valse entre je t’aime et je ne t’aime pas. Mettez tout cela au niveau d’un groupe et vous serez soit accepté comme un frère, soit rejeté comme une maladie, un ennemi.
Très tôt, j’ai découvert que le milieu dans lequel nous avons grandi se révèle rapidement une prison pour votre évolution et votre épanouissement. Il suffit que vous soyez un tantinet différent pour devenir la cible de toutes les critiques.
Certes, ces critiques vous ont formé et ont fait ce que vous êtes principalement aujourd’hui, mais est-ce suffisant pour continuer à fonctionner de la même manière ? Alors, quand vous n’en pouvez plus et que, pour des raisons matérielles vous ne pouvez pas fuir, cette pression/frustration se révèlera sous forme de violences.
Violences physiques envers les choses (claquer les portes, casser la vaisselle,…), violences physiques envers les animaux, violences verbales avec les « étrangers » et puis avec le cercle proche, violences avec les règlements (celui de l’école, celui de la société,…) pour enfin terminer dans la violence physique avec l’homme.
Quand un homme lève la main sur un être humain, c’est sa façon de dire « j’en ai marre, il faut que je me libère un peu ». Les premiers à payer sont ses propres enfants et sa femme puisque « légalement » une très grande tolérance est acceptée. Mais si je le fais sur quelqu’un d’autre, alors des personnages en uniforme vont vouloir me mettre la main sur le paletot !
L’anthropologie rapportée à l’entreprise, c’est découvrir que des lois profondes et non-dites sont à l’œuvre dans l’organisation.
Quand on le lit, c’est une lapalissade mais quand on doit résoudre les problèmes humains du quotidien, on se rend compte qu’elles sont d’une importance vitale.
Vouloir diriger une entreprise avec seulement sa tête, c’est s’assurer d’une froideur relationnelle où vous n’obtiendrez pas le meilleur de vos collaborateurs. Pour remettre de l’ordre, cela est compréhensible mais cela ne peut perdurer sous peine de révoltes non extériorisées humainement parlant mais que vous pourrez comptabiliser en arrêt maladie, en sabotage, en coût de non-qualité, en vol et en « qu’en dira-t-on » internes.
Avoir une vision anthropologique de son entreprise, c’est prendre en compte qu’un humain possède un affectif et une culture « tribale ». Alors, si vous voulez instaurer une culture d’entreprise dans votre société, il va vous falloir être le chef et vous comporter comme tel.
Or, la question est : qu’est-ce qu’un chef de tribu ? Il y a beaucoup de définitions possibles mais, à l’évidence, un chef se construit au sein d’une horde et n’est en aucun cas un intrus ayant reçu un mandat d’autorité hiérarchique parce qu’il possède un diplôme.
Un chef ne sera reconnu que si chacun voit en lui un exemple à suivre.
Alors, êtes-vous un exemple pour vos collaborateurs ? Savez-vous être de « bonne tenue » quand tout va mal ? Savez-vous féliciter au lieu de critiquer ou dénigrer ? Peut-on vous faire confiance ? Savez-vous être vous-même quand vous êtes en porte-à-faux ? Avez-vous la langue fourchue, le cervelet inflexible, la moelle épinière raide, les c… suffisantes pour affronter l’inconnu, etc. ?
Être chef n’est pas donné à tout le monde car si tout le monde était né pour être chef, tout le monde s’étriperait ! Vous allez me dire que c’est ce qui se passe en gros sur cette honorable planète. Globalement je suis d’accord car il est rare de rencontrer quelqu’un aujourd’hui qui ne veut pas en découdre avec quelque chose ou quelqu’un.
Alors moi, mon parti pris est de baffer tous les gens que je rencontre : et PAF, une par ci, et PAF une part là ! J’en distribue autant que je peux et c’est un plaisir croyez-moi ! Seulement au lieu de faire dans la déconstruction et la critique de l’autre, je le fais dans la construction et l’épanouissement de moi !!!!! ?
En effet, PAF n’est pour moi que l’acronyme de Paix, Amour, Fraternité. Alors cela donne : Sois en Paix et projette-le du mieux que tu peux. Sois en Amour avec toi, c’est-à-dire en acceptant complètement tout ce que tu es sans aucune honte ou regret et par rapport à qui que ce soit. Et enfin Fraternité, en exprimant ta compréhension et ton ouverture aux autres par un sourire aux lèvres permanent.
Fort de cette technique de baffage, il y en a qui restent scotchés, d’autres étonnés et enfin d’autres rassurés. Je n’épargne absolument personne : du gamin au vieillard, du SDF au très bien logé, du local à l’étranger, et surtout à toutes les femmes.
En effet, ces dernières savent répondre tout particulièrement avec des yeux de malice / complicité. Quel que soit l’habillement ou l’origine, elles ont toutes ce regard universel qui vient du fond du cœur et qui dit : » Je te remercie l’étranger pour ton sourire et je te rends grâce pour avoir trouvé la paix intérieure qui mène à l’amour du divin qui se trouve en tout. »
Alors quand je suis fatigué ou que j’ai une mauvaise passe comme on dit, je sors et je vais sourire aux gens. J’en reviens apaisé, revigoré et un peu fatigué. Ce genre de fatigue qui vous dit : va faire un petit somme et oublie le monde et ses trépidations.
Je vais donc siester comme si j’avais fait un bon repas et puis après, quand je me relève, je pète la forme et je suis prêt à « rebouffer » de la vie à pleine dent. Simple, gratuit et illimité, alors pourquoi s’en priver ?
Faites de même avec vos collaborateurs, baffez-les, et vous verrez qu’ils ne pourront plus se passer de votre présence : la preuve est qu’ils remarqueront quand vous n’êtes pas là et leur sourire, à votre retour, sera d’autant plus grand que l’absence a été longue.
Que cela fait du bien d’être reconnu et accepté parmi ses gens qui ont de l’affection pour vous. Bien sûr, faites de même avec tous vos proches et vous obtiendrez le même résultat.
La vie est simple quand on a compris qu’un être humain a un affect. C’est l’un des enseignements qui n’est pas vraiment donné dans les cours de management…
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 27 novembre 2007 et réactualisé sur le blog 345D le 24 février 2012.
(1 commentaire)
Coton La Brodeuse
24 février 2012 à 15 h 53 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
IL est LIBRE Max 💡 😆 😈