Tari été comme hiver, il était une fois un vieux puits au ras du sol. Conscient du danger qu’il représentait, son propriétaire l’avait recouvert d’un couvercle en bois de récupération en se disant qu’un jour il faudra bien le reboucher car devenu inutile et dangereux.
Juste à côté un âne, presque aussi vieux que le puits, paissait nonchalamment.
Puis un jour, le couvercle du puits, pourri jusqu’à l’os, ne résista pas au poids du quadrupède et « Parkinson » se retrouva au fond du puits. Embarrassé, le propriétaire se mit à analyser le problème :
1 – Mon fidèle et vieux compagnon est au fond du puits et n’arrête pas d’appeler de l’aide
2 – Le puits est si étroit qu’il en est presque impossible de sortir l’âne sans faire de casse
3 – Il faut vraiment régler définitivement le problème ce puits inutile et dangereux
Fort de ces constatations, et plein de compassion, il amène du foin à son âne pour lui faire signe qu’on s’occupe de lui. Pendant qu’il lui descend un seau d’eau fraîche via une corde, il lui dit : « Mon ami, voilà ce que je peux faire aujourd’hui pour toi, et ce soir, je réunis mes voisins afin que nous discutions comment te sortir de là dès demain matin ». Le point 1 fut ainsi réglé.
A la nuit tombée, autour de la table, les voisins discutent et après mûre réflexion la décision finale tomba : Il faut reboucher le puits, et compte tenu de l’âge avancé de Parkinson, du peu de temps qu’il lui reste à vivre, de l’impossibilité de le sortir de là sans casse ainsi que des frais conséquents qu’il faudrait engager, il a été entendu qu’on l’abattra à l’aube. Il bénéficiera ainsi d’une tombe unique près de son maître qui aura ainsi régulièrement une pensée pour lui.
Après dispersion de l’assemblée, le vieil homme était tout retourné, la larme à l’œil, le cœur gros comme ça. Il monta dans sa chambre, envoya une pensée à son vieux compagnon de travail, implora la clémence de l’Eternel puis s’endormit.
A l’aube, après un café bien fort et à l’heure donnée, les voisins, pelle à la main, étaient tous autour du puits. Notre brave propriétaire, le cœur serré, ne put se résoudre à abattre son ami l’âne et préféra lui cacher son intention. Pelletée de terre après pelletée de terre, Parkinson hurlait à la mort car il avait compris le dessein des hommes. Puis soudainement, les hurlements cessèrent et seul le bruit des pelles continua à marteler le silence accablant.
Pris d’un remord, le propriétaire se rapprocha du bord du puits afin de voir son ami pour la dernière fois et exprimer secrètement son remord, il s’esclaffa et faillit en tomber dans le puits. A chaque pelletée de terre lui tombant sur le dos, Parkinson s’ébrouait pour faire tomber la terre sur le côté et, à l’aide de ses sabots, la tassait afin de remonter le niveau du sol. Abasourdi par l’intelligence de l’animal, le propriétaire invita ses voisins à regarder. Alors tous en choeur, ils redoublèrent d’ardeur en poussant la chansonnette.
Une fois l’animal sorti du puits, chacun se réjouissait de pouvoir caresser Parkinson tout en lui prodiguant tous les compliments du monde…
Leçons à tirer de cette histoire
1 – Au niveau organisationnel : Une négligence qui dure amènera tôt ou tard une crise.
Des palliatifs curatifs seront pris, une réunion de crise s’ensuivra, un plan d’action qui se déroulera pas complètement comme prévu pour enfin finir par une grande leçon de vie appelée expérience.
2 – Au niveau du Propriétaire : Le mental écarte souvent l’affectif. Impitoyable de logique, on est prêt à sacrifier pour des raisons économiques surtout si la décision est prise en groupe. Puis au moment de l’exécution du plan d’action, le responsable à la main qui tremble car il sait intérieurement qu’on ne peut se séparer d’un ami qui vous a été fidèle…
3 – Au niveau individuel : C’est surtout quand vous êtes dans une position délicate que l’on essaiera de vous enfoncer encore plus. Vos amis vous chargeront et si vous vous en sortez, ils seront les premiers à vous complimenter et à trinquer avec vous.
La morale de cette histoire est : Si quelqu’un par mégarde ou négligence vous met dans « la merde » et que tous sont contre vous, alors à chaque attaque, ébrouez-vous afin de transformer un négatif en positif. A chaque négatif, non seulement vous vous renforcerez mais vous vous rapprocherez du dénouement final où chacun sera admiratif de votre force de caractère. Du pleurnichement initial vous vous êtes transformé en gagneur. Remerciez votre supérieur pour cette expérience inoubliable et remerciez le ciel pour avoir levé un coin du voile sur la véritable nature de l’homme dans sa force et ses faiblesses.
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 20 juillet 2006 et réactualisé sur le blog 345D le 13 février 2012 .
(2 commentaires)
Marie-Miel
18 février 2012 à 10 h 20 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Merci, Laurent d’avoir commencé ce blog par la parution de cet article. C’est un de ceux que je préfère parmi tes délires… avec « pas marre d’être une fourmi » et la série de la joie.
C’est bon de le relire encore une fois !
luc
22 février 2012 à 15 h 04 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Bonjour Laurent,
Super ces articles, je ressentais le besoin de trouver l’inspiration pour mes formations en management et en communication.
Je prends….. 🙂 😉