Je rencontre régulièrement des gens qui adorent faire des plans sur la comète. Installés dans un confort suffisant, ils laissent leur imagination se balader de pensée en pensée jusqu’à en fabriquer des univers entiers.
Les choses sont claires, évidentes, puis vient le Yapuka. Le Yapuka est un étrange personnage car il est à la fois une évidence aux yeux du rêveur et un « invisible man » aux yeux des autres.
Le Yapuka est ce quelque chose qui transformera un monde virtuel en une réalité très tangible pour tous. Il est le maître d’oeuvre d’un chantier en devenir. Ne travaillant pas pour rien, il demande des moyens et des sous, sauf que, comme par magie, le commanditaire est souvent fauché comme les blés.
Commençons donc par une petite citation de Maître Aïvanhov :
» Celui qui reste assis sur une chaise peut s’imaginer capable de tous les exploits. C’est quand il essaie de se lever qu’il mesure le véritable état de ses forces ; là, il est obligé de perdre ses illusions. Dans sa déception, il se croit plus faible qu’il n’est, alors qu’au contraire, c’est cette prise de conscience qui est le commencement de sa force. Les difficultés qu’il éprouve à s’éloigner de son mode d’existence passée sont la preuve qu’il essaie de bouger, de faire des efforts. Et s’il souffre, c’est parce qu’il commence enfin à sentir, à vivre et à se diriger vers un monde nouveau. »
Joliment dit, cela veut dire que passer du monde du virtuel au monde de la physicalité va, non seulement vous décevoir, mais surtout vous faire vaciller dans votre confiance en vous-même.
C’est vrai que rêver demande peu d’efforts physiques mais bouger la carcasse demande une réelle volonté. Alors, quand on commence à se prendre des coups, une certaine forme d’énergie appelée souffrance se fait connaître à vous.
La physicalité possède ses propres règles :
1 – La première que l’on oublie est le temps
En effet, le temps que la matière réagisse et rentre en interaction, cela prend plus de temps qu’à un courant électrique de passer d’un neurone à l’autre. Alors ce qui devait prendre 1 mois à faire en théorie en prendra probablement 6, cela étant dû à ces innombrables contretemps forcément imprévus… et toujours de la faute des autres ou des conditions extérieures.
2 – L’énergie dépensée est nettement plus grande
Allongé, vous pouvez rêver. L’énergie dépensée relève du style « je ne vais pas m’endormir mais si je me sens fatigué, je me laisserais aller car, après tout, un petit somme n’a jamais fait de mal à personne… »
Par contre, dans le plan matériel, la dépense d’énergie est conséquente. Et bien qu’un petit somme serait le bienvenu, ce n’est pas ce qui va fournir de l’énergie. Il va vous falloir manger, boire, se laver…. Bref, qui a vraiment envie de se lever s’il n’a pas une raison vraiment suffisante pour le faire ?
Le plan de la physicalité est le plan de la volonté. Sans volonté véritable, vous ne pourrez qu’être l’oisif de service qui suivra le sens du courant d’air. Vous serez balloté jusqu’au moment où vous réaliserez que vous vous êtes fait mener en bateau en prenant une porte en pleine tête.
Or, qu’est-ce qu’avoir de la volonté ? C’est d’abord savoir où l’on veut aller, dans quelle direction. En bref, c’est la réponse au « Pourquoi je me bougerais le derrière ? » Sans réponse claire à cette question, c’est sûr vous allez faire du gras…
Il apparaît donc qu‘il faut déjà avoir un plan d’attaque pour aller affronter la physicalité sinon c’est elle qui va s’occuper de vous !
Combien de gens sont-ils devenus des rouspéteurs, des va-t-en-guerre, des mal-lunés, des acariâtres, des négatifs, des corrosifs pour la simple et bonne raison qu’ils ne savent pas eux-mêmes ce qu’ils veulent vraiment !
Alors, ils réagissent au lieu d’agir. Ils se défendent au lieu d’attaquer. Si vous n’utilisez pas la force de la physicalité à votre avantage, alors cette dernière vous assènera des coups surtout là où ça fait mal. Il faut dire qu’elle a de l’expérience car elle, elle pratique depuis que la vie existe !
Dans cette histoire, Yapuka n’a qu’à bien se tenir ! Il se doit d’être clair à ce qu’on lui demande et savoir pourquoi on lui demande. Sans ces dernières conditions, il est évident qu’il va se faire laminer et se faire mettre au placard des oubliettes pour toujours.
Vouloir c’est pouvoir comme dit le dicton auquel il faut se dépêcher de rattacher le savoir du pourquoi. J’accommoderais donc ce dicton sous la forme : Pas de but, c’est pas de volonté et donc pas de pouvoir. Avec cela, c’est un bon commencement.
C’est comme au 100m, si dès le début vous avez du mal à décoller et que vous êtes à la bourre, il y a de fortes chances que vous le soyez aussi à l’arrivée (et ceci dans le cas où vous auriez quand même eu la volonté de franchir la ligne).
Bien souvent, pour des raisons d’ego, vous arrêterez avant et puis vous trouverez bien une bonne demi-douzaine d’excuses pour dire que ce n’était pas la peine de continuer à gaspiller de l’énergie pour rien. Vous retournerez la situation à votre avantage, mais l’entraîneur et les spectateurs ne seront pas dupes plusieurs fois de suite.
Alors concevez, projetez-vous comme franchissant la ligne le premier, c’est un bon exercice non pas pour vous donner des rêves qui s’écrouleront dans l’arène du stade mais surtout pour désactiver l’autre partie de vous-même qui dit que vous êtes un nul et que vous n’y arriverez pas.
Arrêtez cette petite voix négative très persuasive, pleine d’une bibliothèque entière de faits bien enregistrés de votre passé. Collez-lui un pain en vous focalisant sur l’objectif.
Être un gagnant, c’est d’abord savoir pourquoi vous désirez atteindre cet objectif et cela vous donnera la volonté d’en découdre avec la physicalité.
Une fois cela acquis, le Yapuka doublé de son ombre, le Yfocon, sera suffisamment puissant pour affronter la lourdeur et l’inertie de la physicalité. Dans les starting-blocks, coincé entre deux lignes matérielles blanches définissant le couloir de ses responsabilités, il s’élancera vers la ligne d’arrivée en se battant contre le temps, la fatigue, l’usure et les brûlures de l’effort.
Sur le bord de la piste, il y a les Yavaika qui souligneront tout ce qui ne va pas mais à l’arrivée, quoi qu’il s’est passé vous tomberez dans les bras des Yfalailefaire qui vous remettront une médaille d’un métal appelé confiance en soi.
Alors si vous êtes un fan de podium et un collecteur de médailles, vous regarderez avec plus de saveur ces tribunes de spectateurs qui préfèrent regarder, jacter, critiquer, blablater. Ils se disent des experts, des critiques avisés et se complaisent dans la conception, le virtuel car depuis longtemps le goût de l’effort et l’envie de vaincre dans la physicalité les a quitté.
J’en conclus en disant : Allez vous battre dans la physicalité et vous apprendrez à savoir qui vous êtes véritablement. Vous êtes votre propre ennemi, alors ne vous souciez pas des autres et de leurs commentaires et jugements, car majoritairement ce sont tous des personnes qui ont abandonné leurs rêves.
Mettez en oeuvre vos rêves sinon ils ne resteront que des vapeurs mentales qui s’évanouiront dans l’univers de l’oubli. Et puis dernier point, sachez que ceux qui parlent beaucoup de leur rêve sont dans leur rêve, alors que ceux qui les mettent en action n’ont pas vraiment le temps d’en parler.
Ces rêveurs diront que vous n’avez pas leur subtilité, leur imagination, leur sensibilité et vous considéreront comme inférieur à leur capacité « mentale et divinatoire ». Souriez, car aux premiers froids venus, ils seront comme la cigale devant la fourmi : une espèce en danger de mort.
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 20 février 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 28 avril 2012.