D’un côté, il y a ceux qui sont en place et qui rêvent de sécuriser leur job, leur paye, leurs avantages acquis coûte que coûte quitte à descendre dans la rue ou à jouer du vote sanction. Le candidat le mieux disant se verra gagner de l’électorat à coups de mesures tellement grosses que même si elles sont inapplicables, on ne les rangera pas dans la catégorie des mensonges.
Et puis, de l’autre côté, il y a ceux qui galèrent à fond, qui peinent à manger ou à se loger. Au nom de la flexibilité, ils servent de variables d’ajustement à une économie qui prône le paraître à fond la caisse.
En effet, je suis étonné de voir combien de produits différents naissent à chaque instant pour assouvir des désirs totalement inutiles au détriment de millions de laissés pour compte dans les économies occidentales.
Certains, grâce aux pubs, pensent atteindre le nirvana du bien-être en achetant le dernier modèle de voiture de chez untel prônant la liberté, la puissance et la facilité. A simplement regarder les publicités, on se croirait vivre dans un monde virtuel où rien de négatif existe.
Sans être un adepte de « second life » où des milliers de gens s’inventent une vie virtuelle sur internet, est-il vraiment nécessaire de croire que la vie est meilleure avec un casque sur les oreilles, un portable 3G dans la poche et un jean taille basse servant de serpillière.
Les gens s’isolent de plus en plus des humains pour ne croire que dans des communautés virtuelles. A l’image des dernières générations, la fameuse « Y » que je nomme génération Nintendo, qu’a-t-on fait pour qu’ils fuient autant cette fameuse société dans laquelle nous vivons.
Plus nous avançons dans le temps et plus la séparation des nantis d’avec les autres s’amplifie. Chacun devient presque un objet jetable à l’image de ce matérialisme débridé. Tel objet n’est plus dans le coup, il n’y a qu’à le jeter. Maintenant nous faisons de même pour l’humain, pour le travailleur, pour l’employé.
Toutes les valeurs qui faisaient qu’un être humain pouvait croire à son utilité dans la société sont sacrifiées sur l’autel de l’argent, de la rentabilité afin d’acheter des bêtises. Le monde devient fou car il devient aveugle des vraies valeurs qui font que la vie vaut d’être vécue.
Alors l’objet humain rejeté parce qu’il n’a pas la bonne couleur, le bon âge, le bon nom ou le bon domicile, se voit exclu de manière vexatoire. Car probablement il possède les compétences, l’expérience et les qualités humaines, mais on lui préfère je ne sais qui.
Le gouvernement fait la chasse à la discrimination lors de l’embauche alors que tout un chacun en fait autant tous les jours. En ne disant pas bonjour, en écoutant son mp3 favori ou en flinguant ses forfaits téléphones, chaque individu de cette société participe au morcellement des relations humaines indispensables à la communauté.
Alors oui, je comprends qu’un gamin de 25-30 ans puisse écarter la candidature d’un quinqua, qu’un quinqua écarte la candidature des jeunes habillés comme des épouvantails à moineaux. Oui, je comprends que les 25-40 ans ne recrutent que des gens du même âge car au moins ils ont des valeurs communes, des couleurs de peau communes, des vocabulaires communs, voire des quartiers communs.
La flexibilité du travail n’est qu’un argument économique pour justifier une société qui ne peut s’adapter à une nouvelle donne tant il manque de communication au sein même de ses troupes.
Il existe plein d’outils allant de l’alternance pour apprendre au temps partiel pour futurs retraités et mentors. Pourquoi est-il si difficile de faire cohabiter toutes ces différences qui créent notre richesse. Pourquoi est-il si difficile de faire comprendre que seul le partage permet de créer une société vivable ?
Trop de gens ont peur de perdre leur job, de ne pas être à la hauteur, alors ils roulent au frein à main et bloquent, consciemment ou non, toute tentative de changement salutaire pour tous. Ils sont le couteau dans la plaie.
La plaie saigne d’un sang acide qui corrodera du mieux qu’il peut le couteau qui l’entaille, mais est-ce vraiment la solution ? N’y a-t-il d’autres solutions ?
Du temps de nos anciens, quand le bordel devenait prédominant, « une bonne guerre » remettait tout le monde d’accord, car c’est dans la pauvreté, la difficulté et les manques que les gens redécouvrent l’entraide et la fraternité.
Mais je crois sincèrement qu’autant la guerre physique est impossible dans les pays occidentaux autant la guerre monétaire la guette. 1929 a été un exemple et je pense que c’est ce qui nous attend bientôt car beaucoup d’indicateurs financiers virent au rouge actuellement.
Les nuages se font gros et la bulle matérialistique d’une vie occidentale déconnectée des réalités physiques et généralisée à l’ensemble de la planète ne présage rien de bon pour une humanité ayant de moins en moins d’humanité.
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 20 mars 2007 et réactualisé sur le blog 345D le 12 avril 2012.