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Entrepreneurs, l’ennemi n’est pas celui que l’on pense…

 gtrAvant, il y avait les salariés – esclaves plus ou moins protégés, avec des acquis mais pas trop payés – et puis les autres, les libéraux dont les seuls droits étaient de travailler autant qu’ils voulaient afin de faire fortune en exploitant au mieux l’autre classe.

Ces derniers, entrepreneurs dans l’âme, devaient tout risquer et s’ils se plantaient, ils se retrouvaient sans aucun droit sauf celui de se faire lyncher par les banquiers et exclure du cercle des affaires.

Parce qu’un de ses clients a fait faillite, ou pour toute autre raison, sa trésorerie a volé en éclat. Au début simple sonnette d’alarme, votre honorable banquier déclenche la sirène en vous coupant les vivres et vous retire les facilités de paiements si durement acquises.

Genou à terre, vous avancez encore en clopinant comme vous pouvez jusqu’au jour où vous vous apercevez que vous rampez. C’est alors que l’on sonnera le tocsin en vous fichant à la Banque de France. A partir de là, votre chemin de croix est tout tracé : mourir ou fuir !

Pour avoir voulu sortir de l’esclavage, de l’obéissance forcée à un patron afin de goûter à une forme de liberté, avec en prime la possibilité de vous enrichir, vous avez découvert que les patrons des patrons s’appellent « banquiers ».

Ce qu’il y a de risible dans l’affaire, c’est que ces banquiers ne sont que des salariés, des planqués œuvrant pour un système totalement transfrontalier qui n’a ni odeur, ni nationalité, ni couleur et encore moins de pudeur afin de « sucer » ce qui peut être suçable.

Devant vos difficultés, ils feront les sourds et, par bonne figure, ils se réfugieront derrière les procédures maisons. Ce n’est pas leur faute : c’est la faute au système. Ils ne peuvent rien faire sauf appliquer un règlement généraliste qui met dans le même sac l’escroc patenté et l’honnête libéral qui s’est fait avoir.

Votre bonne foi ne sert pas à grand chose face à cela. C’est alors que vous découvrirez qu’il est si doux d’être un salarié, d’avoir un chômage, un RMI, une sécu, des possibilités de stages pour vous réinsérer.

Qu’il est doux d’être un assisté, car pour le système vous n’êtes qu’un n° de sécu qui vend de son temps. On ne vous jugera pas vraiment sur l’atteinte de vos objectifs et on ne pourra pas vous virer aussi facilement car vous ne faite que louer du temps (35H).

Par contre, si vous êtes à votre compte, seul comptera l’atteinte du résultat, que vous y passiez vos nuits et vos WE, cela importe peu au banquier. Personne ne vous tendra la main quand vous serez à terre (ou si peu) car on n’aime pas les gens qui saignent.

Comme au combat, ils seront assimilés à des mourants. Cette mentalité française à assimiler les combattants de première ligne à des « perdants » quand ils ont pris des coups illustre assez bien que le risque ne fait pas vraiment partie de sa culture.

Par définition, le banquier a une horreur démentielle du risque. Il ne veut vraiment pas en entendre parler. Pour lui, il faut qu’une paye régulière et connue tombe tous les mois sinon vous êtes celui qui va enfreindre le doux ronronnement de son accumulation de richesse.

Il vous attend au moindre virage, au moindre freinage et ne fera qu’amplifier le mouvement. Si vous êtes dans la mouise, il vous y enfoncera encore plus car vous lui faites vraiment peur. De plus, il ne veut même pas prendre conscience que c’est par son attitude qu’il précipite un accident de parcours en faillite.

Par contre, le mouvement est aussi valable dans l’autre sens. Quand tout va bien et que vous ne savez pas trop quoi faire de votre trésorerie, il frappe à votre porte avec insistance afin de vous faire des prêts d’enfer ou augmenter vos facilités de paiements.

Derrière cette sournoiserie connue de tous, nous retrouvons toujours cette peur viscérale qu’il a de perdre. Votre banquier n’est pas quelqu’un qui vous veut du bien. C’est quelqu’un qui veut tout simplement vous engluer encore plus dans les mailles du système financier.

Il sait que, dans tous les cas, il sera gagnant. Alors, loin de moi d’en vouloir aux individus que je rencontre car ce sont des hommes et des femmes comme vous et moi. Là où je ne suis pas d’accord, c’est avec le principe même du système.

Au moment où vous avez besoin d’argent, ils vous ferment la porte au nez et quand vous n’en avez pas vraiment besoin ils vous courent après. Le mot banque devrait leur être interdit car ils ne prêtent de l’argent qu’à ceux qui en ont déjà, alors que normalement cela devrait être l’inverse.

Ce sont des rentiers. Alors qu’on leur laisse gérer les fortunes ou la paye des salariés et que l’on mette en place des instances banquières qui, elles, seraient à la hauteur des risques que subissent les petits entrepreneurs au quotidien.

C’est comme à la poste, le mélange distribution du courrier avec la gestion de compte bancaire fait que tout le monde est planté en file indienne dans des queues pas possible à tous les guichets de poste que je connaisse.

Toutes les banques se défendront de ce que je dis car elles se disent toutes là pour aider les chefs d’entreprises et les entrepreneurs. Elles vous donneront toutes des dizaines d’exemples mais la vérité éclatera quand vous serez sur le gué.

Être honnête est une qualité fondamentale pour être un entrepreneur, mais elle se révèle inutile quand les gens qui sont en face de vous ne le sont pas.

Avec l’expérience, et je suis sûr que vous en avez déjà acquise une suffisamment, vous découvrirez que sous l’aspect « Enrichissez-vous vous-même » se cache en vérité « Enrichissez-nous et nous verrons plus tard ce que l’on fera de vous ».

J’ai pleinement conscience que rendre ce texte public va refroidir mes futurs interlocuteurs bancaires, mais aujourd’hui je m’en fous car je suis déjà marqué du fer rouge de la BdF. J’ai la conscience tranquille mais j’aurais aimé que le fraudeur qui m’a mis dans cette situation soit derrière les barreaux.

Mais la justice étant ce qu’elle est, c’est-à-dire très longue, incertaine et manquant souvent d’objectivité, il est difficile quand vous n’avez pas le sou d’entretenir cette ribambelle d’avocats et juristes qui s’en mettent plein les fouilles au passage.

Dans un monde anglo-saxon, cette expérience, quand vous vous en sortez, vaut tous les MBA du monde. En France, on préfèrera le papier monnaie théorique d’un MBA et il ne vous restera plus qu’à mourir à votre passion d’entreprendre ou fuir à l’étranger. Quel gaspillage !

Laurent DUREAU

Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 29 octobre 2007 et réactualisé sur le blog 345D le 6 mars 2012.

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