Tout le monde se plait à dire qu’il y a trop de paperasserie, trop d’administratif désuet et redondant pour entreprendre en France. Et puis, ne parlons pas de ces charges sociales, ces prélèvements obligatoires qui minent la rentabilité et donc la compétitivité.
Foin de tout cela, il y a une autre peur plus sournoise, plus planquée dont personne n’ose à peine parler tant les passions se déchainent au moindre écart.
Chaque salarié dit que c’est important et même vital pour les droits des travailleurs qu’il en oublie presque systématiquement de s’y inscrire comme membre car il sait au fond de lui que c’est totalement obsolète et hors de propos.
Globalement, le taux de syndicalisation en France est d’environ 8,2% de la population active, soit environ 2 millions de personnes dont plus d’un tiers font partie de la fonction publique. Cela met la France à la 30ème place des nations de l’OCDE en termes de taux de syndicalisation. Et alors ? Rien, sinon que c’est la dernière place…!
Comment en est-on arrivé là ? Loin de toutes les raisons, apparentes ou non, les 5 principales organisations syndicales détiennent le quasi-monopole du dialogue social car elles bénéficient du privilège de la « représentativité » leur laissant ainsi le pouvoir de négocier les accords collectifs.
Faites pour protéger l’employé contre les dérives patronales un peu trop « libérales », il s’avère déjà qu’un tiers de ses membres (fonction publique) joue avec le droit de grève abondamment alors qu’ils sont employés par un organisme d’état ayant pour privilège de distribuer des avantages sans se soucier de leur financement puisque réglés par l’impôt sur les autres pour lesquels aucune garantie d’emploi n’existe…
Outre déjà cette anomalie presque congénitale, les deux autres tiers, soit 5,2% de la population, sont globalement représentatif d’une couche de population « défavorisée ». Certes, il serait intéressant de connaître les véritables raisons ayant amené une personne sur 20 à faire partie des défavorisés.
Il y a certainement de très bonnes raisons ainsi que des moins bonnes, mais cela influence énormément le langage desdits syndicats. Sans être sortis d’une grande école, la majorité des Français ne fait pas partie d’un syndicat car ils savent par eux-mêmes, par la pratique, que le langage et les revendications demandées ne sont pas en accord avec ce qu’ils pensent ou ressentent.
Placé aux extrêmes, les syndicats qui se veulent être les représentants « des travailleurs » se font arc-que-boutistes, intolérants, incompréhensifs aux véritables enjeux tout en se faisant une guerre de clans absolument détestable.
Ils ne défendent pas les travailleurs (ceux qui sont en fait en position de faiblesse) mais plutôt leur survie en tant qu’entité syndicale qui tire à elle des droits n’ayant aucun rapport avec leur représentativité. Ce sont des vestiges, un peu comme ceux de la guerre froide. Le monde a changé mais pas eux.
D’ailleurs, depuis ma sortie d’école et donc l’entrée dans le monde du travail « officiel », je me suis toujours posé la question : Pourquoi défendent-ils les travailleurs laissant ainsi penser que les autres n’en sont pas ?
Ainsi, le plombier qui se lance à son compte n’est pas un travailleur alors qu’il arrache deux fois plus d’heures de travail, met en péril tout ce qui lui appartient, se prive d’une vie de famille peinarde et prendra peut-être une semaine de vacance non payée !
Or, aujourd’hui nous sommes tous condamnés à être un entrepreneur dans l’âme car c’est fini de croire qu’une entreprise nous donnera un travail pour la vie même si l’on doit se dévouer pour la vie.
On pourrait penser que l’état qui, lui, pourrait encore tenir la promesse d’un job pour la vie aurait des employés dévoués… Certes, mathématiquement et statistiquement, il y en a quand ils sont en début de carrière mais ensuite la relâche est très nettement visible.
Nous sommes en France dans un système de fou où ceux qui sont protégés bénéficient d’avantages inadmissibles sur le dos des privés et où une minorité de privés démunis font la loi sur la majorité silencieuse qui consciencieusement s’évertue à rester muette.
A quand les coups de balai dépoussiérants afin que tous puissent redresser la tête et regarder ensemble dans la même direction ? Jusqu’à quand va-t-on accepter qu’une minorité gouverne ceux qui les font vivre économiquement ?
Oui à la solidarité, mais à une solidarité intelligente, mesurée et juste. Non à une redistribution idiote, aveugle et inadaptée. Quand les Français prendront-ils leur destin en main en acceptant les réformes profondes et non les mesurettes politiquement correctes qui nous enfoncent de plus en plus dans la complexité et le déficit national ?
Le jour où un entrepreneur n’aura plus la peur de monter un syndicat dans son entreprise et cela sans être poussé par la loi, démontrera que le dialogue social a été renouvelé avec la majorité des acteurs agissant dans un climat de confiance réel et pragmatique.
Utopique ? J’ose espérer que non. Alors prêt pour faire un nettoyage afin de construire un nouveau monde ?
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 17 janvier 2007 et réactualisé sur le blog 345D le 13 avril 2012.