Il est connu que nous portons tous une paire de lunette avec des colorations diverses. Il existe bien un fond de couleur qui est donné par notre culture, nos croyances mais aussi par notre côté inné, notre code génétique. Le vieux débat de l’inné et de l’acquis refait inévitablement surface à ce propos.
Et puis, il ne faut pas oublier la couche de buée émotionnelle qui vient régulièrement troubler cette vision d’un monde où l’obscurité et la lumière amènent, eux aussi, des notions de contraste qui, in fine, nous fera prendre des décisions pas toujours aussi objectives que l’on voudrait.
Alors, avant d’aborder toutes les variables possibles, il est bon de les hiérarchiser un peu afin de voir celles que nous pouvons changer de celles que nous ne pouvons pas. L’exercice est simple et j’espère qu’il sera salutaire pour tous.
Dans un premier temps, nous savons que notre vision du monde nous fait prendre des photos instantanées qui dépendent de l’environnement intérieur et extérieur. Chaque photo peut avoir une profonde influence sur le moment mais aussi sur le futur proche, voire très lointain.
Cela dépend de la notation qu’une partie de nous-même va lui donner. En effet, certaines photos seront notées instantanément par quelque chose de profond et d’instinctif en nous-même alors que d’autres seront notées après une délibération cérébrale.
La nuance entre ces deux méthodes conditionnera la part d’émotionnelle qui gravera cette information en nous. Cette intensité est directement proportionnelle à l’influence qu’elle aura dans notre futur. C’est pourquoi il est conseillé d’avoir conscience de l’origine de l’information et de son état intérieur au moment de l’enregistrement.
Commençons donc par la nature qui compose nos verres de lunette, c’est-à-dire par ce côté inné que nous ne pouvons pas vraiment modifier physiquement. Par construction, nous allons avoir une attitude défensive et cela nous vient d’un certain état de « survie » animale.
Le premier regard est un regard de défense, de défiance qui nous vient vraiment de l’intérieur. Il sera augmenté ou diminué par la luminosité ambiante. C’est le niveau de réponse du corps physique. Est-on en milieu sécurisé où l’on peut être confiant ou plutôt en milieu incertain où l’inconnu peut nous réserver des surprises ?
La réponse à cette question donnera une notion de réactivité, d’urgence ou non et conditionnera son interprétation émotionnelle dans un premier temps (celle de l’âme) et puis mentale dans un second.
La première interprétation qui est émotionnelle sera fonction des peurs qui nous habitent. Selon la nature de la peur réveillée, l’intensité du gravage et de l’impact de l’information en dépendra. A ce niveau, il est difficile de contrôler voire maîtriser cette réaction mais elle peut être canalisée par le dernier filtre.
En effet, notre mental, tout en dernier, entre en action afin de déterminer quelle est la réaction appropriée par rapport au contexte. C’est à ce niveau que nous pouvons réarranger les choses car c’est le niveau de l’acquis, le niveau où rien n’est définitif.
Notre mental n’est qu’un ordinateur exécutant des programmes nommés religion, culture, expériences de la vie à ne pas renouveler, choses appréciées, etc… C’est un centre de traitement qui va colorer très largement la photo qui est prise.
S’ il opère un traitement sans trop de luminosité, la photo sera sombre, pessimiste et sera classée dans la zone des traitements d’urgence ou des traitements sensibles à ne pas oublier. Par contre, si la luminosité est bonne, alors la photo sera lumineuse, optimiste et rangée dans l’album photo des bonnes choses de notre vie.
Mais bien sûr, nous ne pouvons toujours contrôler la luminosité ambiante mais personne ne nous empêche d’avoir un « flash » toujours chargé voire un générateur d’électricité pour alimenter la batterie d’ampoules positives que nous portons en nous.
En résumé, la nature nous fait déjà porter un regard pessimiste voire négatif sur le monde (survie du corps) qui fera réagir notre âme et nos sacs de peurs associés pour enfin être traité par un mental plus ou moins « lumineux ».
L’inné survient d’abord puis l’acquis fera le reste, et entre les deux, vos peurs feront des siennes. La logique de l’équation est simple et c’est bien sûr à chacun d’en être conscient afin d’en faire bon usage.
Prenons un exemple dans la vie d’un « cadre », dirigeant ou autre personne devant recruter des personnes. Par définition, vous devriez être positif, ouvert, avenant, sans aucune discrimination en face de la personne et pourtant vous êtes totalement à l’affût du moindre détail qui cache la forêt…
CV en main, vous discutez avec la personne et le moindre cillement, la moindre intonation bizarre, le moindre mouvement inhabituel vous met en alerte. Quelques petits signes bénins peuvent vous faire prendre des photos complètement à côté de la plaque ou au contraire viser très juste. Où est la vérité ?
Seul le temps vous le dira si vous embauchez la personne ou jamais si vous ne l’embauchez pas ! Et les périodes d’essai me direz-vous ? Insuffisantes dans la majorité des cas pour faire le tour de la personne et permettre ainsi de dissoudre tous les doutes.
Un entrepreneur par définition est quelqu’un de pessimiste dans son approche première mais très optimiste dans son traitement. Son pessimisme premier lui permet de détecter ce qui ne va pas et ensuite de le transformer en avantage concurrentiel.
Le pessimisme n’est en rien négatif quand il joue au premier niveau mais c’est une catastrophe quand il joue au dernier niveau. C’est l’inverse pour l’optimisme ! Si vous êtes optimiste au premier niveau, il y a de fortes chances pour vous faire « bouffer », vous prendre des « pains » et avoir tous les ennuis du monde.
Il y aura bien sûr quelques-uns qui diront qu’ils sont optimistes de base mais en réalité ce n’est pas vraiment le cas car leur survie en ce monde serait très faible. Ce serait comme le piéton qui traverse sur les passages cloutés sans regarder et qui se dit : « C’est mon droit et après tout, tous les véhicules ont des freins et tous les conducteurs sont hyper vigilants. »
Vous en conviendrez qu’il ne deviendra pas centenaire surtout si c’est un citadin et encore moins s’il habite le village traversé par les poids lourds !
Au dernier niveau, à celui de l’acquis, l’optimisme et le pessimisme sont des constructions mentales que nous pouvons maîtriser en nous entraînant et en supprimant tous les programmes parasites basés souvent sur les peurs.
En prenant conscience de nos peurs, et en nous débarrassant de celle que nous ne voulons plus tout en gardant celles que nous jugeons bénéfiques (oui, il y en a !), nous nous permettons de voir la vie beaucoup plus en rose.
Le bonheur n’est qu’une coloration « optimistique » des photos alors que le malheur n’est qu’une coloration « pessimistique » au niveau mental. Car, croyez-moi, la vision pessimiste au niveau de la survie du corps est un véritable bonheur !
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 18 mars 2008 et réactualisé sur le blog 345D le 14 mai 2012.