Cerveau droit, cerveau gauche, mais encore ? Nombre de ténors, accros aux techniques d’avant-guerre et férus de modes anglo-saxonnes, essaieront de vous convaincre que la créativité cela s’apprend ! Le verbe haut, la voix ferme et caressante, ils ont réussi à vous inscrire à un stage…
Pendant le stage et les quelques jours qui suivent, vous vous sentez hyper motivé et votre créativité vous semble nettement améliorée. Puis, invariablement, le soufflé retombe et quelques semaines plus tard vous ne vous rappelez plus de rien sauf d’une ou deux choses. Pas de quoi faire le cake devant une assemblée de collaborateur !
Que s’est-il passé ? On vous a fait prendre des vessies pour des lanternes car le mental, de par sa constitution, est incapable de générer un aléatoire suffisant pour permettre une réelle avancée dans quelque domaine que ce soit.
Par contre, une autre forme de pensée connue sous le nom d’intuition permet des résultats incroyables. Or, cette qualité semble répartie d’une manière non standard chez les individus. L’intuition survient quand on ne pense plus mais quand on écoute, chacun à sa manière, une chose comme venant de nulle part.
Pour ne pas tomber dans des explications rationnelles de phénomènes irrationnels (à première vue), je préfère vous dire comment moi, je m’y prends pour favoriser mon investigation en terres inconnues.
D’abord, fort de tous les tenants et aboutissants, je m’isole totalement du monde extérieur et je fais un petit somme pour bien faire reposer la pâte et laisser ainsi la levure faire son oeuvre. Puis quand je me réveille (d’une manière totalement naturelle = pas de réveil), je reste dans cet état d’entre deux eaux et j’observe tout simplement ma pensée.
L’écran n’étant jamais blanc, j’observe vers quoi mon attention se tourne puis, naturellement et sans effort, je l’oriente vers ce qui m’intéresse. Cette focalisation permet l’association de ce qui naturellement traine dans les « parages » créant comme la construction d’un arbre en évolution.
J’observe le tableau et, malgré l’apparition d’idées intéressantes, je reste dans cet état malgré la peur de les oublier. En effet, l’expérience m’a montré qu’il ne faut pas s’arrêter à ce premier cercle en prenant des notes écrites par exemple car le plus génial se trouve au-delà. J’attends donc jusqu’à ce que l’arbre des possibilités soit suffisamment grand pour ensuite prendre des notes écrites sous forme de slogans, dessins ou toute autre prise de notes rapides.
Puis je me rallonge et devant le nombre d’idées, je sors mon sécateur ou la tronçonneuse du jugement et je taille selon ce qui est possible afin de laisser un maximum de sève aux branches prometteuses. Et je continue à observer la pousse des branches encore vivantes. Arrivé un moment, vous ressentez qu’il est temps de reprendre des notes.
Selon la nature du sujet, du temps imparti, vous pouvez répéter le cycle. Généralement, il y a tellement d’idées novatrices que l’envie de les matérialiser promptement est très forte. Si la séance dure trop longtemps, la frustration naîtra de votre incapacité à les matérialiser. Il est donc préférable de connaître la limite entre l’extase et la douleur.
Voyager dans l’espace de l’immatériel, dans des dimensions virtuelles est très excitant et il faudra faire attention de ne pas trop s’éloigner d’une réalité extérieure sous peine de vivre de moins en moins bien avec ses proches…
En résumé, la créativité est un état d’être, un état d’observation et de guidance très souple et non un état de faire avec des outils mentaux quels qu’ils soient ! Certes, des combinaisons, des rapprochements, des inversions et bien d’autres techniques peuvent aider à trouver des pistes de réflexion mais jamais une grande idée ne sortira de cet exercice. Elles ne servent qu’à l’assouplissement d’une manière de penser, de voir les choses. L’idée géniale pourra ainsi être mieux vue quand elle surgira.
La solution à un problème apparaîtra selon les termes avec lesquels on aura posé ledit problème. L’adage « le maître apparaît quand l’élève est prêt » est connu depuis des siècles. Au mieux, les exercices ne sont qu’une préparation assouplissante des certitudes sévissant en ce monde.
Si toute la science nous martèle que nous utilisons 10% de notre cerveau, alors pourquoi vouloir tout figer en n’acceptant pas ce que nous disent les autres 90% ?
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 21 août 2006 et réactualisé sur le blog 345D le 23 avril 2012.