Mot découvert au détour d’un film, l’ataraxie désigne la tranquillité de l’âme résultant de la modération et de l’harmonie de l’existence. Elle provient d’un état de profonde quiétude, découlant de l’absence de tout trouble ou douleur (Wikipédia).
Vient du grec ancien ataraxía « absence de troubles » et dans Wipdictionnaire cela donne : État du sage affranchi de toute émotion, de toute passion. En voilà tout un programme ! Alors, faites-vous dans l’ataraxie ?
Je crois qu’il est difficile pour la majorité d’entre nous d’être zen en permanence parce que ce n’est tout simplement pas l’art de vivre de l’occidental courant. J’ai donc creusé un peu la question en commençant par regarder le synonyme d’ataraxie : équanimité.
Cela donne : Sentiment d’indifférence à l’égard de toute sensation ou évocation, agréable ou désagréable, dû à l’apaisement de l’esprit.
Les autres synonymes du synonyme sont sérénité et flegme [à ne pas confondre avec flemme (lenteur, placidité)]. On connaît le flegme britannique mais ce n’est pas pour cela qu’ils sont des flemmards.
Enfin bref, l’ataraxie serait la capacité d’un individu à avoir un recul suffisant par rapport aux choses extérieures afin de conserver son calme intérieur.
Or, qu’est-ce qui peut nous faire sortir de nous-même quitte à péter les plombs ? Je vois 3 grands cas : corps, âme, esprit.
1 – Le corps
Il est clair que si l’on me donne un coup de marteau sur les doigts ou un coup de pied dans l’entrejambe, il va m’être difficile de rester zen. Sauf cas d’ébriété lourde, d’un joint costaud, d’un médicament qui supprime la douleur ou d’un handicap physique reconnu, la douleur engendrée va secouer le système nerveux suffisamment pour affoler le coeur et l’esprit.
2 – L’âme
Cela va relever des émotions et des sentiments. Personne n’est à l’abri de ces derniers. Certes, on peut rester stoïque quand la larme vous vient à l’oeil, mais cela n’empêche pas que vous enregistrez quand même des perturbations internes. Le fait de ne pas les exprimer extérieurement d’une manière consciente ne veut pas dire pour autant que vous maîtrisez la chose.
3 – L’esprit
C’est normalement lui qui devrait rester zen quoi qu’il arrive, sinon cela se propagera systématiquement à l’âme puis au corps. C’est donc là que tout se joue principalement.
Rester centré afin de ne pas être déstabilisé demande d’avoir un certain recul par rapport à ce qui vous arrive. C’est en effet vous, par vos règles internes, vos dogmes et vos croyances, qui allez faire que l’information qui vous arrivera de l’extérieur (voire de l’intérieur) déclenchera un tsunami ou non à l’intérieur de vous.
C’est vous qui allez décider si cela sera une vaguelette, une vague, une mer agitée ou une tempête. Le vent de vos pensées va animer les vagues de vos sentiments et émotions qui balloteront votre bateau. Ces vagues et les messages de détresse du vaisseau amiral iront alors se déverser sur les rivages des personnes environnantes.
Quelquefois, notre embarcation ressemblera à une frêle coquille de noix où vous ramerez avec désespoir face à une houle terrible. D’autres fois, vous serez le supertanker qui ne sait même plus que les vagues existent !
Or, qu’est-ce que l’épanouissement d’un individu sinon sa capacité à affronter toutes les mers ?
Chaque fois que quelque chose de nos profondeurs intérieures a surgi à notre esprit, cela n’a été qu’un récif qui a labouré notre cale, cette intériorité cachée de tous. Chaque vague nous a projeté de l’énergie pour éprouver notre résistance et chaque coup de vent a fait claquer les voiles ou siffler les oreilles.
Pour moi, l’ataraxie correspondrait au capitaine d’un navire à moteur qui possède des voiles. Quand il y a du vent, il sort les voiles afin de soulager les moteurs. Quand il y a des bonnes vagues, il s’en sert pour avancer plus vite. Et puis quand il rencontre des massifs, il baisse les voiles, rentre la quille, ralentit la vitesse des moteurs et prend le gouvernail avec fermeté.
Ne plus être balloté par les évènements demande tout simplement de savoir où l’on va tout en ne sachant pas combien de temps vous mettrez pour parvenir à destination.
La vie n’est pas là pour que nous arrivions à l’escale prévue mais pour faire de nous des marins aguerris. Car sincèrement, qui d’entre-nous connaît véritablement sa destination finale ? (à part la tombe, bien sûr !)
Nous savons simplement que c’est dans le rêve d’une vision de nous-même, ou de l’atteinte d’un objectif qui nous dépasse, que l’action entrainera un mouvement que nous aurons à gérer.
Par nos décisions à chaque instant, nous fabriquons l’expérience qui fera que nous deviendrons un paquebot, un supertanker, une goélette ou une barque en eaux douces.
Chacun de nous est libre de son choix, même si au départ nous pensons, plus ou moins, que les planches qui nous ont été données à notre naissance étaient plus ou moins pourries.
Notre bagage génétique hérité de nos ancêtres a déjà subi tellement d’épreuves qu’il est bon de savoir que si ces planches sont encore là c’est qu’elles flottent encore. Les autres ont coulé depuis longtemps à travers les épidémies et les guerres.
Nos planches sont les survivantes, et je ne vois pas pourquoi il faudrait les dévaloriser. Ce que vous avez à faire est seulement de les utiliser au mieux par rapports aux évènements d’aujourd’hui.
Il y en a bien qui transforment les vieilles péniches en appartement ou en restaurant ! Alors, c’est à vous de décider si vous voulez rester dans la crasse et la déconfiture, ou si vous désirez donner un sérieux coup de lifting.
Tout est possible à la seule condition que vous sachiez exactement ce que vous voulez devenir et que vous êtes prêt à vider les cales de votre inconscient/subconscient où se cachent les rats qui vous bouffent.
Aimez-vous donc vous-même d’une manière inconditionnelle et cela vous permettra de vider les latrines avec le sourire. Ceci est un bon début pour voguer plus vite, plus fort et plus loin.
Laurent DUREAU
Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 29 novembre 2007 et réactualisé sur le blog 345D le 30 avril 2012.
(1 commentaire)
Valérie
30 avril 2012 à 11 h 29 min (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Bonjour Laurent,
Il est bienvenu ton article. J’ai eu « la chance » de connaître cet état. Par 3 ou 4 fois il me semble. Je cherchais ce que cela pouvait être. Je l’ai nommé la grâce (faute de connaître le mot ataraxie). Difficile de décrire un état. Insubmersible pour reprendre ton champs lexical, est le mot qui convient aussi. Je crois que j’étais mon moi supérieur et c’était d’une évidence incroyable. Je me souviens m’être dit que si mon heure était venue, j’étais prête à partir (j’étais en congés parentale à l’époque et m’occupais de mes enfants). C’etait ma première expérience et elle dura la journée entière. J’étais à ma place dans ce quotidien et plus de peurs, plus de mental, plus d’égo, plus rien si ce n’est cette évidence que tout est parfait. Je pouvais »partir » même si mon couple battait de l’aile. Je pouvais lui « laisser » les enfants car tout était bien. Une autre fois, j’étais au travail. Une collègue a fait irruption dans mon bureau pleine de colère pour je ne sais quelle raison. Je l’ai regardée et ma seule réaction a été un sourire. Elle a du rentrer chez elle dans la foulée tellement sa colère a rebondie vers elle. Voilà, c’est un état étrange et merveilleux.
Merci de nous donner l’occasion de nous exprimer sur ce que nous vivons.
Grosses bises Laurent.