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Coup de coeur – coup de blues…

 kayakEst-ce l’effet des vacances ? Est-il possible pour un entrepreneur de vouloir poser les valises après quelques turbulences ? Ce que je trouve sympa c’est qu’à la surface, les remous paraissent toujours pareils alors que ce qui les provoque est à chaque fois différent.

N’étant pas un pro du kayak, je pense que les pros doivent avoir rapidement une bonne idée de la force du remous et surtout des dangers qui l’accompagnent. Ce que je n’apprécie pas dans le kayak c’est la facilité avec laquelle on se retourne et se trouve la tête sous l’eau.

Non seulement c’est désagréable, mais en plus il faut retenir sa respiration et tout faire pour se remettre à l’endroit tout en sachant que vous pouvez vous prendre n’importe quel obstacle dans la tête (celui qui est précisément à l’origine du remous !).

Cela me rappelle bien des situations où on se retrouve avec des balafres sans même s’en rendre compte. Il est clair que le port du casque est obligatoire mais cela n’empêche pas de se prendre quand même les coups.

Alors une fois les frayeurs passées, le syndrome « il faut que je trouve un espace sécurisé au maximum » pour décompresser amènera inévitablement l’ombre de ce premier syndrome qui est « Il y en a marre, j’en ai plein le dos » pour rester poli.

Certes, le canoë-kayak est un sport de loisir et de compétition pour certains, mais quand cela concerne son job, il est moins aisé de vouloir passer son chemin. Il faut un certain temps pour se réorienter tout en sachant que d’autres espaces de découverte nous tendent les bras avec les remous associés.

L’âge aidant, j’éprouve de plus en plus de peine à me motiver pour retourner au charbon. Des questions comme « A quoi bon se démener, le monde peut tourner sans moi ! ». Il y a aussi le style « j’ai déjà donné alors à la relève de faire son job ».

Insignifiants au début, ces questionnements vous surprennent de plus en plus quand vous êtes en plein farniente. Suffisamment accrocheuses pour ne pas les laisser passer, ces questions vous pourrissent l’enthousiasme de l’après-vacances.

Alors surgissent d’autres questions comme « c’est ça la vieillesse » ou « suis-je au bout du rouleau ? ». Je sais, c’est déprimant de penser ainsi et cela me donne encore plus le blues ! Y aurait-il sur terre, maintenant, quelque chose qui serait capable de m’enthousiasmer au point d’oublier tous ces maudits questionnements ?

J’ose espérer, mais cet espoir est faible tant j’en ai vu ! Oui, je crois que je commence à être blasé d’une certaine forme de vie et j’aspire profondément à du changement mais pas celui comme avant.

J’aspire à un changement où la douceur, la compréhension et la convivialité, remplaceraient cette agressivité, cette concurrence et cet individualisme forcené à vouloir faire des affaires. Pourquoi faut-il encore se battre quand on a déjà largement fait ses preuves ?

A 20 ans, j’avais toute la vie et tous mes espoirs pour démontrer ma valeur. Mais maintenant, j’aimerais pouvoir exercer sans avoir à remplir 20 pages de démonstration pour assurer mon client que j’arriverai aux objectifs fixés.

Je sais même que s’il me lâchait un peu les baskets, je remplirais 150% de ces objectifs. Mais voilà, il a peur, il n’a pas vraiment confiance en l’expérience alors il se rabat sur des critères tellement limitatifs qu’il en limite ses propres possibilités de faire mieux.

Oui, j’en ai marre de toutes ces limitations. A quoi cela sert-il d’avoir fabriqué un moteur de 300 chevaux aux cliquetis harmonieux où la puissance se respire pour rouler à 90 km/h sur une autoroute à 3 voies ?

A vouloir prendre tout le monde pour des 2CV sortant de l’usine, je m’interroge sur la réelle capacité des circuits de recrutement à découvrir les éléments qui ont « kittés » leur moteur. Le monde me devient fade tant l’uniformisation devient la norme.

J’espère seulement avoir bientôt un coup de cœur qui me fera passer ce coup de blues. Je n’aime pas pleurer sauf quand je ris très fort ou que l’émotion de gratitude me submerge complètement.

La larme de joie et de complétude est, pour moi, l’un des plus grands cadeaux qu’un être humain puisse recevoir. A quand ma prochaine pleurnicherie divine ? J’espère ASAP (As Soon As Possible – Aussitôt que possible) car l’été s’en va et la grisaille de l’automne (s’il y a encore des saisons) s’en vient doucettement.

Bon, c’était le coup de blues de la rentrée. J’espère qu’il restera isolé et qu’il ne me fera pas de nouvelles attaques en cours d’année. Je vous souhaite une bonne rentrée, non pas des classes, car à mon humble souvenir ce n’était pas vraiment la joie !

Laurent DUREAU

Article paru à l’origine sur le blog Booster Votre Influence le 28 août 2007 et réactualisé sur le blog 345D le 9 avril 2012.

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